Témoignage d'un moghzani opérant dans la région de Biksra

Auteur(s) :
enquêteur : Mathias, Grégor
informateur : 0771

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=6669
mmsh6669

Type :
archives sonores
sound

Description :
Utilisation du terme de fellagha pour les membres appartenant à l'armée de libération nationale (ALN).
L'informateur donne une raison d'ordre financier à son engagement comme moghazni. Toutefois, il préféra quand même s'éloigner de son village natal (comme la plupart de ses collègues). Il cacha la vérité à sa mère pendant la durée de son engagement. Il ne portait pas d'arme et s'occupait essentiellement des tâches administratives. La SAS était implantée dans un milieu rural et tenait également lieu de mairie. Les habitants du village venaient consulter l'officier pour des affaires personnelles (parent arrêté lors d'une rafle), ou administratives (papiers d'identité). Ils évitaient de se rendre à la SAS par peur d'être soupçonnés de traîtrise. La population craignait les représailles des membres du FLN qui pillaient les maisons et violaient les femmes. Les fellaghas étaient selon l'informateur perçus comme des 'envoyés de Dieu' au début de la guerre, puis vers 1958-59 comme des voleurs. Il note également un changement de comportement chez ses supérieurs hiérarchiques : le premier officier parlait arabe et entretenait des bons rapports avec le personnel autochtone de la SAS, le dernier ne parlait que le français et ne se montrait pas aussi compréhensif que le premier. Les moghaznis avaient des conditions de vie spartiates et devaient partir se divertir dans des villages éloignés pour éviter tout contact avec la population. A la fin de la guerre, son supérieur hiérarchique rompe son contrat sans lui donner d'autre alternative. Il repart chez sa mère, le costume militaire caché sous une djellaba. N'ayant aucun papier prouvant ses services de moghazni, il est renvoyé lorsqu'il se présente à la porte d'une caserne militaire française. Il évoque alors la situation désespérée dans laquelle se trouvaient les harkis à ce moment là. Laissés pour compte en Algérie, menacés de mort par le FLN, ils n'ont d'autres alternatives que de quitter leur pays. Comme beaucoup de harkis, Il essaie de rejoindre un port dans l'espoir de pouvoir embarquer à bord d'un bateau. Refusé une seconde fois par les militaires, il se rend dans un hôtel tenu par un juif qui va l'aider à partir en France clandestinement sur un bâteau de nuit. Après une traversée difficile, il arrive à Marseille où il doit subir un interrogatoire plein de 'mots doux' qu'il arrive à passer. On lui donne alors un ticket de train pour aller rejoindre des membres de sa famille vivant à Paris. Il décide alors de tirer un trait sur son passé et de se débrouiller seul pour trouver un travail, un logement. Préférant couper tout contact avec sa famille il se fait passer pour mort. Il ne reviendra en Algérie que 17 années plus tard. A la demande de l'enquêteur il se souvient des espaces publics (jardins, cafés) qui étaient interdits à la population locale en Algérie parce que réservés aux Européens. Il évoque également la connotation négative liée au terme d'harki'.

Sujet(s) :
enquête
récit de vie
condition de travail
condition de vie
racisme
relation familiale
harki
rapport travailleur étranger et population locale
expatriation
Front de Libération Nationale
Section Administrative Spécialisée
guerre d'Algérie

Date :
1997-09-27

Format :
1 cass.
56min 33s

Langue :
français
fre

Couverture :
Paris
48°51'24.00''N
2°21'3.55''E

Droits :
Mathias, Grégor, enquêtes réalisées dans le cadre d'une convention entre l'Université de Provence et l'Association des Anciens des Affaires Algériennes. Pour toute utilisation du corpus, il conviendra de contacter M. Mathias par l'intermédiare de la Phonothèque de la MMSH.
Consultable sur autorisation

Relation(s) :
Récit de vie de Harkis

Type :
archives sonores
sound

Source :
609

Citation

enquêteur : Mathias, Grégor et informateur : 0771, “Témoignage d'un moghzani opérant dans la région de Biksra,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/118881.