Un français expatrié depuis 6 ans décrit le fonctionnement de l’École supérieure d'ingénieurs de Beyrouth (Liban) où il enseigne en 1975

Auteur(s) :
enquêteur : Métral, Françoise
enquêteur : Battegay, Alain
informateur : Faou, Joel

Editeur :
Phonothèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=11719
mmsh11719

Type :
archives sonores
Sound

Description :
L'informateur dit ne pas parler l'arabe mais le comprendre
L’homme est professeur à l’École supérieure d’ingénieurs de Beyrouth (ESIB). Il est marié et père de trois filles. En France, Il travaillait dans une entreprise et il enseignait en parallèle. Son rôle de délégué syndical a contribué à sa mise à l’écart à la fois par ses supérieurs et par le directeur de l’école où il enseignait. Il a alors décidé de partir au Liban, des amis libanais lui ayant parlé de leur pays. Arrivé en octobre 1969, son adaptation a été rapide et s’est faite dans de bonnes conditions. Son statut était tout d’abord “Expert de coopération technique” avec une mission d’enseignement. Son épouse qui était enseignante en France, est à présent détachée administrative, rémunérée en contrat local par le lycée où elle enseigne les mathématiques. Les enfants ont très vite été scolarisés. L’informateur se considère privilégié : il a une femme de ménage, deux voitures et n’a pas de problèmes matériels. A l’école, il assure huit heures d’enseignement quotidien et n’a pas de mission de recherche. Il suit les élèves pendant 3 ans en général et il s’occupe d’un laboratoire dans le cadre scolaire qui rapporte 150 000 livres de recettes par an. L’équipe enseignante est composée de douze Français et de quatre-vingts Libanais qui sont tous d’anciens élèves de l’ESIB. Les Libanais n’ont pas le titre de professeurs et ils ne donnent que quelques heures de cours par semaine. Le conseil des professeurs, qui est composé de quatre jésuites et de cinq enseignants, a un rôle consultatif tandis que le chancelier, est décisionnaire. L'informateur signale que l'usage de l’arabe à l’école n'est pas apprécié. Les élèves ont un niveau de français assez moyen en général mais l’enseignant insiste sur l’importance de s’exprimer en français ou en anglais pour les études supérieures. Il aime voyager au Liban et sur les cinq étés passés, il n’est rentré que trois fois en France. Il a également visité l’Égypte, la Syrie et la Turquie. Il ne parle pas arabe mais il le comprend. Un tennis dominical, un concert une fois par semaine et un dîner deux à trois fois par mois constituent ses loisirs. N'appartenant à aucune association, il dit ne pas faire de politique mais il a monté une section syndicale (SNES) à l’école. Au Liban, la communauté française, forte de sept mille personnes, est plus ou moins bien intégrée. Selon lui, la culture française a investi la vie quotidienne des Libanais grâce à l'enseignement des pères jésuites. Il considère que le Liban peut évoluer sans les Français car il n’y a pas une volonté politique française réelle mais plutôt de l’opportunisme. Il relève une forme de compétition entre la langue anglaise et la langue française : les établissements étasuniens sont fréquentés par beaucoup d’étrangers alors que l’ESIB est fréquenté à la fois par des Libanais et des Français. Le métier d’ingénieur est mieux payé que celui d’enseignant, d’autant plus qu’il y a un boom de la construction. Avant 1969, l’ESIB était une petite école de cent élèves tandis qu'en 1975 elle en compte sept cents, bien que l’homogénéité de la mentalité jésuite française tend à disparaître. Ces derniers temps, le climat étant instable politiquement, le Liban n’est plus ce port de plaisance apprécié par les expatriés et ils partent. Depuis deux ans, de plus en plus de demandes de mutations sont faites. L’ingénieur avoue ne pas comprendre la mentalité des coopérants de carrière c’est-à-dire ceux à la recherche uniquement d’une bonne situation financière. Selon lui les courtes missions sont bénéfiques car elles apportent de l’énergie. Revenant sur la profession d’ingénieur, il précise qu’il n’y a pas de système de contrôle des constructions au Liban. L’homme fait référence à l’état déplorable des routes dû à l’appât du gain de certains ingénieurs. Il critique également les enseignants qui font pléthore d’heures supplémentaires pour gagner plus d’argent. Lui se satisfait de ses revenus personnels qui ont augmenté : il est passé à 8000 francs par mois alors qu'à ses débuts, il gagnait 5300 francs. Il revendique également une liberté de ton au sein de l’école: il aime donner son opinion à ses étudiants. Pour conclure, il suggère que la coopération culturelle, artistique serait bien plus fructueuse que la coopération technique actuelle dont les crédits afférant pourraient être mieux utilisés.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
coopération du Service national à l'étranger
identité linguistique
différence culturelle
intégration culturelle
enseignement et éducation
francophonie
syndicat
construction publique
domination culturelle
infrastructure urbaine
représentation de l'étranger
École Supérieure d’Ingénieurs de Beyrouth

Date :
1975-01

Format :
1 bde
1h 56min

Langue :
français
fre

Couverture :
Beyrouth
N33°53'20''
E35°29'39''

Droits :
Contrat signé avec la dépositaire. Recherche des ayants droit en cours.
Consultable sur autorisation

Relation(s) :
Les français au Liban depuis 1945, une minorité allogène

Type :
archives sonores
Sound

Source :
4370

Citation

enquêteur : Métral, Françoise, enquêteur : Battegay, Alain, et informateur : Faou, Joel, “Un français expatrié depuis 6 ans décrit le fonctionnement de l’École supérieure d'ingénieurs de Beyrouth (Liban) où il enseigne en 1975,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/121455.