Despina Eleftheriadou, réfugiée de la deuxième génération raconte l’histoire de ses parents, installés à Syros après la catastrophe d’Asie-Mineure en 1922

Auteur(s) :
enquêteur : Kalouta, Margarita
informateur : Eleftheriadou, Despina
enquêteur : Psilopoulou, Agelliki

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=10930
mmsh10930

Type :
archives sonores
sound

Description :
Les noms des lieux sont parfois donnés en langue turque.
Despina Eleftheriadou est une réfugiée de la deuxième génération. Elle évoque la vie de ses parents qui se sont installés à Syros après la catastrophe de Smyrne en 1922. Sa mère, née en 1909, était originaire d’Istanbul et son père, né en 1906 était originaire de la région de la Mer Noire. Son père était illettré, tandis que sa mère avait été deux ans à l’école primaire. Elle savait à peine lire. Le père de Despina était pharmacien et possédait sa propre pharmacie. La famille vivait dans une grande maison à trois étages et ils avaient plusieurs amis et voisins turcs qui désapprouvaient la persécution des Grecs. Despina se souvient que sa mère racontait avec émotion sa séparation avec son frère Grigoris alors qu’elle avait 14 ans. et lui 18. Il avait été envoyé en exil avec son père où ils sont tous les deux morts de faim et de soif. La mère de Despina donna à son premier fils le prénom de Grigoris, en mémoire de son frère. Durant l’épisode de la catastrophe, plusieurs turcs ont proposé de les cacher. La mère de Despina a fait le récit de situations terribles, avec des cadavres qui jonchaient la rue et des maisons en feu. Elle réussit à embarquer avec sa mère et sa sœur sur un bateau où les conditions d’hygiène étaient inhumaines. Elles emportèrent avec elles un matelas qui leur sauva la vie durant l’Occupation, car à partir du lainage, la mère de Despina fabriquait des vêtements qu’elle échangeait contre de la nourriture. Sur le bateau, la mère de Despina a rencontré son futur mari. Despina raconte que son père avait seulement 17 ans lorsqu’il est tombé amoureux de sa mère (elle en avait 14). Malgré son jeune âge, il protégea ces trois femmes. A leur arrivée en Grèce, le couple se maria à Ioannina. Ils obtinrent de l’Etat des vêtements, des vivres et un logement temporaire. Despina eu son premier enfant à 15 ans. Après 5 ou 6 ans à à travailler dans une usine de Ioannina, le père de Despina décida d’emmener la famille à Syros où il obtinrent par l’Etat une maison dans le quartier pour réfugiés d’Ermoupoli. A Ermoupoli, leur père travailla comme ouvrier pendant de nombreuses années sans cotiser, il n’eut aucun droit à la retraite. Despina se souvient qu’à cette époque, dans les usines, on exploitait cette main d’œuvre bon marché. Sa grand-mère et sa tante qui travaillaient aussi à l’usine mais cela ne suffisait même pas pour manger. Despina essaie de dresser le portrait de sa mère, qui était toujours silencieuse et obéissante envers son mari. Elle priait la Vierge Marie et parlait seulement le turc. Elle connaissait très peu de mots en grec, ce qui était insuffisant pour communiquer. Elle avait l’habitude de cuisiner épicé et de faire des gâteaux imbibés de sirop ("siropiasta"). Dans son souvenirs, les habitants de Syros les traitaient d’étrangers, les assimilant à des Turcs et des Arméniens et les accusant de voler leurs emplois. Malgré tout, Despina précise que de manière générale, les réfugiés étaient bien traités. Despina s’est mariée avec un réfugié de Smyrne, appelé Euripide Eleftheriadis. Euripide était horloger et il a vécu 20 ans avec Despina. Il était aussi chantre comme son père car ils connaissaient tous les deux très bien la musique byzantine. Avant de devenir chantre, son père était instituteur et parlait sept langues. Sa mère était originaire d’un village proche d’Istanbul. Despina décrit sa belle mère comme un être calme et pur. Elle soutient qu’elle est morte d’épuisement, alors qu’elle devait s’occuper non seulement de son mari et de ses enfants, mais aussi de ses beaux-parents et leur famille. Euripide Eleftheriadis est mort à l’âge de 76 ans et Despina s’est remariée avec un réfugié d’Asie-Mineure.

Sujet(s) :
enquête
récit de vie
abandon de terre
communauté grecque
réfugié
expatriation
migration
bateau
destin de femme
relation intracommunautaire
identité culturelle
relation de voisinage
travail en usine
couture
souvenir du pays d'origine
souvenir d'enfance
Incendie de Smyrne
1922

Date :
2001-09-14

Format :
1 cass.
40min

Langue :
grec
gre

Couverture :
Ermoúpoli
37.44227
24.94248

Droits :
Contrat d'autorisation d'utilisation et de diffusion signé entre l'informateur et les archives historiques des Cyclades en juillet 2013.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Relation(s) :
Réfugiés d'Asie-Mineure sur l'île de Syros en 1922

Type :
archives sonores
sound

Source :
4467

Citation

enquêteur : Kalouta, Margarita, informateur : Eleftheriadou, Despina, et enquêteur : Psilopoulou, Agelliki, “Despina Eleftheriadou, réfugiée de la deuxième génération raconte l’histoire de ses parents, installés à Syros après la catastrophe d’Asie-Mineure en 1922,” Portail du patrimoine oral, consulté le 19 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/118288.