La condition des luthiers de Mirecourt dans les années 1910 illustrée par l’histoire d’une famille

Auteur(s) :
enquêteur : Claudot-Hawad, Hélène
informateur : Claudot, Pierre (1906-1996)

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=9809
mmsh9809

Type :
archives sonores
sound

Description :
Hélène Claudot-Hawad, ethnologue, interroge son père Pierre Claudot, originaire de Mirecourt et maître-luthier à Marseille jusqu'à sa retraite. Ce troisième entretien a été mené sept ans après les premiers. A travers son histoire individuelle de Mirecourt à Marseille, Pierre Claudot dresse le portrait économique et social de cette profession artisanale et de la misère quotidienne durant la décennie de 1910 à Mirecourt. La vie est alors difficile pour la plupart des gens qui, en échange de travaux physiquement très éprouvants, ont des salaires qui leur permettent à peine de survivre. Les seules distractions enfantines dont se souvient Pierre Claudot tiennent notamment aux bouleversements engendrés dans la petite ville proche du front par la première guerre mondiale : les passages de soldats et de prisonniers. Les enfants, au lieu d’aller à l’école (réquisitionnée pour les blessés), vont aux enterrements, font l’exercice avec les soldats, participent à la vie des appelés qui partent au front. De son côté, en 1906, le foyer familial se trouve endeuillé par la mort accidentelle du père luthier, Félix Claudot, et endetté car ce dernier venait de s’installer à son compte à Mirecourt. La maison ne dispose ni d’électricité ni d’eau courante et demeure un endroit de labeur, où l’on se nourrit des récoltes du jardin. Pommes de terre et légumes secs forment la base de l’alimentation, avec comme plat de fête le pot au feu. Dans ce foyer mirecurtion tenu par une mère veuve à 27 ans, les trois enfants participent pleinement à la vie économique. Pierre Claudot est contraint d'arrêter sa scolarité à douze ans après le certificat d'étude et d'occuper un emploi subalterne de "saute-ruisseau" dans une banque. Grâce à la création en 1920 d’un apprentissage rémunéré pour relancer à Mirecourt la lutherie d’art, concurrencée par l’installation de la manufacture, il peut renouer avec la lutherie, artisanat d’art local et véritable tradition familiale. Formé chez Thibouville, il devient ouvrier-luthier et il est embauché ensuite chez Dieudonné. Après son service militaire, il choisit de partir à Marseille dans l’atelier Granier. La lutherie occupe une part importante de la population de Mirecourt. A la fabrication de violons, altos, violoncelles et contrebasses pour les luthiers, d’archets pour les archetiers, s’ajoutent celle des étuis et autres accessoires de lutherie. Un nouveau modèle de travail dans la fabrication des instruments s’est instauré au début du 20e siècle : chaque ouvrier est spécialiste d’une partie de l’instrument et dans ce cas, le métier s’apparente plus à une fabrication à la chaîne qu’à un métier d’art. Parallèlement, subsistent des ateliers de lutherie d'art qui fabriquent intégralement les instruments. Le témoin décrit le rythme de travail hebdomadaire. La corporation des luthiers rassemble historiquement des hommes qui s’affirment laïques et républicains. Par contre, les femmes de luthiers à l’époque sont souvent croyantes et pratiquantes, comme l’évoque le témoin à travers le cas de ses parents. La posture anticléricale de beaucoup de luthiers et leurs moeurs festives les font cataloguer par la bonne société plutôt dévote de Mirecourt, comme un milieu infréquentable doté d’une réputation sulfureuse. Beaucoup d’ouvriers ont un lopin de terre, dont l’obtention date de la Révolution. Ils cultivent ce jardin appelé le « paquis » et s’y défoulent le lundi, jour traditionnel de congé des luthiers. La lutherie est à cette époque également une activité pratiquée par certains paysans qui taillent le bois le soir ou pendant les longs hivers vosgiens. Le témoin pense que les ouvriers ne parvenaient pas à bien défendre leurs droits, car ils n’étaient pas organisés, même s’ils réagissaient fortement à l’injustice.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
récit de vie
luthier
lutherie
relation enquêteur-enquêté
transmission familiale
pauvreté
paiement à crédit
communauté ouvrière
laïcité
scolarité
employé de banque
savoir-faire agricole
pomme-de-terre
carrière professionnelle
dureté du travail
dentelle
veillée
Claudot, Félix (1871-1906)
Claudot, Albert (1899-1980)
Claudot, François dit Le-Sourd (1865 -1937)
Atelier Granier et Barbet puis Barbet (1877-1934, Marseille)
années 1910
guerre de 1914-1918
années 1900
période médiévale
1920

Date :
1988-05-22

Format :
1 cass.
1h 04min

Langue :
français
fre

Couverture :
La-Bouilladisse
43°23'38.88"N
5°35'35.59"E

Droits :
Un contrat de dépôt a été signé entre l’enquêtrice et la MMSH spécifiant les droits de conservation, d'archivage et de diffusion. Pour des raisons éthiques et juridiques une partie des échanges a été retranchée du fichier en ligne. La consultation de l'enquête dans son intégrité se fait sur place, à la phonothèque de la MMSH (Aix-en-Provence), sur demande motivée.
Extrait en ligne et réutilisation non commerciale autorisée
Consultation en ligne et réutilisation sur autorisation

Relation(s) :
Enquête ethnologique sur les luthiers de Mirecourt (Lorraine)

Type :
archives sonores
sound

Source :
3485

Citation

enquêteur : Claudot-Hawad, Hélène et informateur : Claudot, Pierre (1906-1996), “La condition des luthiers de Mirecourt dans les années 1910 illustrée par l’histoire d’une famille,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/116748.