Rassemblements d’anciens charbonniers lors d’une veillée publique à l’église de Salagon

Auteur(s) :
interv. : Musset, Danielle
interv. : Maurel, Bernard
interv. : Terebinto, Armand
interv. : Famille Usseglio

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=10503
mmsh10503

Type :
archives sonores
sound

Description :
mots en provençal
A l'occasion d'une exposition en l'honneur des charbonniers organisée par le Musée de Salagon en 1996, une veillée est organisée dans l'église où des anciens charbonniers témoignent devant un public de leur métier et de leur vie. On y retrouve plusieurs anciens charbonniers tels que Armand Terebinto, François et Segond Usseglio ou encore Bernard Maurel. Lors de la veillée, chacun témoigne tour à tour de son métier, des difficultés et des plaisirs d'être charbonnier, de l'évolution du métier et de sa disparition dans la région à la fin des années 1960. Ils répondent aussi aux questions du public. Être charbonnier signifie pour eux une forme de "liberté", mot que l'on retrouve plusieurs fois au cours de l'enregistrement. Malgré toutes les difficultés, "c'était quand même la belle vie". Ils ont appris le métier auprès de leur famille, et ont pour la plupart arrêté à la fin de la Seconde Guerre mondiale car le charbon de bois se vendait mal. Mais s'ils avaient pu continuer, ils l'auraient fait. Faire du charbon de bois, c'était "une espèce de passion, une espèce de magie". Pourtant, ce n'était "pas une vie de château" : les charbonniers vivaient dans la montagne avec leurs familles dans des cabanes plus ou moins aménagées. Les femmes s'occupaient principalement des tâches ménagères, des repas et des enfants, tandis que les hommes s'occupaient de couper le bois et de faire les charbonnières. Mais les femmes travaillaient aussi dans la forêt pour la confection des charbonnières, elles ébranchaient le bois à l'aide d'une serpe et ramassaient les feuilles. Dans les cabanes, "on naissait et on mourait" et les femmes accouchaient sur place. Parfois le docteur venait jusque dans la montagne pour l'accouchement. Pour se nourrir, les hommes descendaient dans le village tous les dimanches matin et achetaient de la viande (lard, poitrine de porc, saucisse), des féculents, du pain, et un peu de fromage. Il fallait tenir toute la semaine avec les provisions, souvent ils finissaient le samedi avec une soupe. Les charbonniers chassaient rarement du gibier dans la montagne. Ils élevaient quelques chèvres pour leur lait et en mangeaient une à Pâques. Ils ont fait un peu de braconnage, surtout au début de la Seconde Guerre mondiale. Mais ils devaient surtout s'occuper des charbonnières cuisant jour et nuit pendant une à deux semaines. L'eau était précieuse et il fallait aller la chercher parfois à plusieurs kilomètres. Les charbonniers fabriquaient alors des glacières rustiques, des "grands trous" creusés dans la montagne recouverts de branches et de feuilles dans lesquels ils déposaient de la neige l'hiver. Ces anciens charbonniers réunis lors de l'enregistrement ont commencé très jeunes à travailler, à peine une douzaine d'années. Ils aidaient leur famille à couper le bois et ont appris au fur et à mesure le métier. Le bois était coupé à la hache, ce qui était très dur, mais permettait un meilleur travail qu'avec les tronçonneuses d'aujourd'hui. Les charbonnières se faisaient au printemps et à l'automne, l'été ils travaillaient dans les champs de lavande et l'on faisait autre chose l'hiver à cause du climat. Parfois ils en allumaient plusieurs à la fois (deux ou trois en même temps). Une fois que la charbonnière était terminée, la famille partait et allait s'installer ailleurs pour monter une nouvelle charbonnière. Ils ne travaillaient pas pour leur compte, mais pour des grands propriétaires terriens. Le plus célèbre du département était monsieur Sardou. C'était un grand négociant qui avait le monopole dans la région. Les charbonniers n'étaient payés qu'une fois le charbon de bois terminé et pesé. Bernard Maurel prend la parole au milieu de l'enregistrement. Ce dernier avait donné lieu à un film documentaire dont les prises de son avaient été enregistrées par Danielle Musset entre autres (enquête 4484). Il n'a pas appris le métier de charbonnier de façon familiale comme les autres, mais plutôt par curiosité puis par passion, bien longtemps après la disparition de la plupart des charbonniers de la région. Il vendait son charbon aux pépiniéristes qui l'utilisaient dans l'eau pour la garder plus longtemps. Il aborde les différentes qualités de charbons suivant les essences utilisées. Il a de plus en plus de mal à vendre son charbon au moment de l'enregistrement. Les charbonniers nomment les autres travaux qu'ils faisaient à côté de la charbonnière, notamment les fagots de bois vendus ensuite au boulanger pour ses fours à pain. Ils parlent certains événements importants dans l'histoire sociale française : le front Populaire, les congés payés, la Sécurité sociale, la distribution de l'eau payante, ou encore la vie pendant la guerre. L'un d'eux parle beaucoup de son père qui a pratiqué le métier toute sa vie. Ils relatent ensuite les croyances associées aux charbonnières. La charbonnière n'était jamais démarrée le vendredi. La plupart des charbonniers enterraient une croix au centre de cette dernière, et parfois ils plaçaient trois pelles autour d'elle (représentant la trinité chrétienne).

Sujet(s) :
rassemblement
récit de vie
bois
bûcheron
charbonnier
four à charbon
charbon
fabrication d'énergie
cabane
travail des enfants
apprentissage
ramassage du bois
récit de vie
transmission familiale
souvenir d'enfance
accouchement
migration italienne
coupe de bois
savoir sur les plantes
pratique de protection
rationnement alimentaire
élevage des caprins
exploitation de la glace
évolution du métier
passion du métier
années 1930
Front populaire
guerre de 1939-1945

Date :
1996-10-05

Format :
2 cass. audio stéréo 60min
wave
1h 29min

Langue :
français
fre

Couverture :
prieuré de Salagon
43.93722
5.76672

Droits :
L'informateur autorise que les enregistrements soient en accès sur ce réseau de
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée
Consultation en ligne et réutilisation sur autorisation

Relation(s) :
Témoignages sur le processus de fabrication des charbonnières et du charbon dans les Alpes-de-Haute-Provence et sur la vie quotidienne d'alors

Type :
archives sonores
sound

Source :
4486

Citation

interv. : Musset, Danielle et al., “Rassemblements d’anciens charbonniers lors d’une veillée publique à l’église de Salagon,” Portail du patrimoine oral, consulté le 29 mars 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/116310.