Témoignage d'un harki dans la région de Tiaret

Auteur(s) :
enquêteur : Mathias, Grégor
informateur : 0773

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=6671
mmsh6671

Type :
archives sonores
sound

Description :
L'informateur s'exprime en français. Quand il utilise des mots arabes, il les prononce avec l'accent. Utilisation du terme de fellagha pour les membres appartenant à l'armée de libération nationale (ALN).
L'informateur a commencé par travailler dans une SAS, puis a intégré une harka montée pour se rapprocher de son village natal Tiaret. Agriculteur-éleveur de métier, il s'engage aux côtés de la France quand l'armée du FLN (l'ALN) lui vole tout son cheptel. Son travail en tant que mozghani consistait à s'occuper de tâches administratives (autorisation de laisser passer). La population essentiellement nomade n'ayant pas de papiers d'identité, une personne autochtone pouvait mieux gérer ce type de questions. L'informateur servait de guide-interprète auprès de ses supérieurs hiérachiques. Il aidait parfois les agriculteurs dans leur travail, distribuait des médicaments, des vaccins à la population. D'une SAS d'une vingtaine de mozghanis, il passera ensuite à une harka de 160 personnes. Un travail de terrain plus fatigant commence. Sur son cheval qu'il doit nourrir sur son propre salaire, il patrouille dans la journée pour protéger les villageois dans leurs champs. Ces derniers on été regroupés dans un camp pour qu'il puisse plus facilemement être protégés la nuit. La population oscille entre bon rapport et trahison. Il est blessé lors d'une embuscade de l'ALN. A la demande de l'enquêteur, il évoque la proximité du camp de Bellounis (général de l'ALN) qui s'était rallié à la France. L'informateur avoue n'avoir jamais cru à ce ralliement et en avoir discuté avec un de ses supérieurs. En 1958 les troupes de Bellounis quittent leur base et laissent place à nouveau aux fellaghas qui donnent à l'armée française du fil à retordre. A partir du pustch des généraux, l'informateur remarque un flottement dans le camps français. Il répond aux questions de l'informateur concernant les réactions de la population au moment du référendum de De Gaulle en 1961. La population selon l'informateur avait voté favorablement pour l'indépendance de l'Algérie tout en espèrant que le général ne parte pas. Parti en France en juin 1962, il évoque la situation des harkis. Contrairement à des collègues appartenant à d'autres harkas son supérieur lui donne le choix entre rester et intégrer l'armée algérienne ou partir en France avec les troupes militaires. La plupart de ses collègues préfèrent rester pour ne pas se couper de leur famille, bien que leur officier leur ait déconseillé cette option. Beaucoup d'hommes ont été massacrés ainsi que leur famille, et ceux qui ont survécu ont connu un véritable calvaire (travaux difficiles, privation de droits pour eux et leurs enfants). Il raconte la traversée en camion de l'Algérie pour embarquer à Oran. Sur leur passage, la population leur jette des cailloux. Arrivé en France il reste au Larzac un mois, puis va travailler dans les Alpes avant de demander un emploi au barrage de Cadarache où il restera jusqu'à sa retraite. Ses dernières paroles sont celle d'un homme déçu et qui regrette aujourd'hui son engagement pour la France.

Sujet(s) :
enquête
récit de vie
administration
agriculteur
condition de travail
condition de vie
décoration militaire
élection politique
exécution musicale
hiérarchie militaire
identité individuelle
opération militaire
harki
violence
santé
Front de Libération Nationale
Bellounis, Mohammed
De Gaulle, Charles
guerre d'Algérie

Date :
1997-10-07

Format :
1 cass.
61min 45 s

Langue :
français
fre

Couverture :
Manosque
43°49'38.69''N
5°47'15.55''E

Droits :
Mathias, Grégor, enquêtes réalisées dans le cadre d'une convention entre l'Université de Provence et l'Association des Anciens des Affaires Algériennes. Pour toute utilisation du corpus, il conviendra de contacter M. Mathias par l'intermédiare de la Phonothèque de la MMSH.
Consultable sur autorisation

Relation(s) :
Récit de vie de Harkis

Type :
archives sonores
sound

Source :
611

Citation

enquêteur : Mathias, Grégor et informateur : 0773, “Témoignage d'un harki dans la région de Tiaret,” Portail du patrimoine oral, consulté le 28 mars 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/118883.