Nikos Pantelis, réfugié de la première génération, originaire de Livissi raconte son arrivée en Grèce à l'âge de 10 ans et son histoire familiale avant et après les événements de 1922
Auteur(s) :
informateur : Pantelis, Nikos
enquêteur : Stathatou, Katilena
Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=11209
mmsh11209
Type :
archives sonores
sound
Description :
Les noms des lieux sont parfois donnés en langue turque.
L’entretien se déroule au domicile de Nikos Pantelis, âgé de 85 ans, qui rassemble ses souvenirs en tant que réfugié de la première génération. Sa famille, composée de six enfants, trois garçons et trois filles, habitait à Livissi et avait un bon niveau de vie puisque son père était propriétaire de mines. En 1922, Nikos avait seulement 10 ans et était en deuxième classe de primaire. Ses souvenirs ne sont pas toujours précis : il attribue deux noms de famille à son père, celui de Pantelis (qu’il porte aujourd’hui) et celui de Nikolaou, puis il signale que son père a été envoyé en exil sans que l’on sache s’il a été tué par l’armée turque ou s’il est mort de maladie à l’hôpital d’Athènes. Nikos précise qu’il était le seul garçon resté à Livissi en raison de l’enrôlement des jeunes hommes. Il partage de nombreuses histoires de la vie quotidienne avant la grande catastrophe. En septembre 1922, les autorités de l’école de Nikos laissèrent aux écoliers grecs deux jours pour fuir, exigeant de laisser les clés de leur maison avant leur départ, tout en assurant que cela ne serait que temporaire. La mère de Nikos a donné de fausses clés et coincé la porte de la maison avec l’espoir de revenir un jour. La famille n’a pas quitté l’Asie-Mineure tout de suite mais est d’abord allée au port de Makri, dans la maison de la famille Chatzigeorgiou, dont la fille Theodosia venait de naître (cf entretien 4464) et il conserve des anecdotes de son séjour. Puis c’est un long périple qui attend la famille partie en bateau, dont Nikos garde des souvenirs tragiques comme le renversement de leur embarcation par les autorités italiennes alors qu’ils se dirigeaient vers l’île de Rhodes puis un enfant noyé alors qu’ils allaient en direction de l’île de Kéa. A Kéa, la famille vit deux ans dans une extrême pauvreté et une grande famine malgré l’aide ponctuelle des Etats-Unis. Au début, les autorités grecques plaçaient les réfugiés dans des entrepôts mais la mère de Nikos, craignant les maladies, insista pour déménager au centre ville. Au départ ils trouvèrent refuge dans une église puis finirent par s’installer dans un sous-sol. Nikos évoque leur installation à Kéa, la solidarité des habitants, la faim, les conditions sanitaires et leur survie difficile. Pour alléger les difficultés de la famille, lorsqu’ils apprennent la construction d’un orphelinat américain à Syros, Nikos part avec son frère aîné Loïzos. A Syros, Loïzos travaille comme charpentier à l’orphelinat et Nikos loue un âne pour le transport des habitants. A Syros ils vivaient bien et assistaient à des cours du soir, mais malheureux de l’absence de sa mère Nikos rentra à Kéa. Il y travailla comme apprenti, faisant de la “vitrine”, autrement dit il se chargeait de la vente de marchandises. Il criait sur la côte de l’île : “chaussettes ! caleçons ! peignes ! poudres!” Il les échangeait contre des œufs, qu’il revendait avec un bénéfice. Il retourna ensuite à Syros où son frère Loïzos travaillait à “la boulangerie du réfugié”. Au moment du décès du propriétaire, il continue à faire tourner le commerce grâce à ses économies. Petit à petit, une partie de la famille les rejoint et ils parviennent à acheter une maison à Neapoli, à Ermoupoli. En fin d’entretien, il évoque la musique comme divertissement avec les joueurs d’oud et d’orgue de barbarie sous oublier les fêtes improvisées.
Sujet(s) :
enquête
récit de vie
transmission familiale
abandon de terre
communauté grecque
réfugié
expatriation
souvenir du pays d'origine
migration
bateau
identité culturelle
souvenir d'enfance
relation intracommunautaire
Incendie de Smyrne
1922
Date :
1997-04-06
Format :
1 cass.
62min
Langue :
grec
gre
Couverture :
Ermoúpoli
37.44227
24.94248
Droits :
Contrat d'autorisation d'utilisation et de diffusion signé entre l'informateur et les archives historiques des Cyclades en juillet 2013.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée
Relation(s) :
Réfugiés d'Asie-Mineure sur l'île de Syros en 1922
Type :
archives sonores
sound
Source :
4464