Maria Kiriakidou réfugiée de la première génération issue d'une famille originaire de la ville de Sille évoque les événements de 1922

Auteur(s) :
enquêteur : Stathatou, Katilena
informateur : Kiriakidou, Maria

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=10900
mmsh10900

Type :
archives sonores
sound

Description :
Les noms des lieux sont parfois donnés en langue turque.
Maria Kiriakidou réfugiée de la première génération née à Sille en Asie Mineure, fait le récit de sa vie. Dans l’entretien, elle nomme trois de ses frères et sœurs : Chrissoula, Anthoula et Iordanis, mais sa fratrie devait être plus importante. Ses parents étaient nés à la fin du 19ème siècle vers 1885. Son père s’appelait Chrisanthos Vagianos et sa mère Eleni (son nom de jeune fille est inaudible, peut-être Mameletzi. Chrisanthos, né à Sille, avait douze frères et sœurs dont deux sont morts de maladie. Du côté de sa mère, ils étaient sept frères et sœurs : Vassilis, Kosmas, Pavlos, Aphroditi, Ephterpi, Chariklia et Eleni. Vassilis a étudié à Istanbul, tandis que Pavlos a étudié le droit en langue turque. Ils appartenaient à une famille de marchands, propriétaires de vignobles, d’abricotiers et d’amandiers. Maria a le souvenir de son père circulant sur un cheval pendant que ses ouvriers écrasaient le raisin et faisaient bouillir des chaudrons de mélasse pour faire de la gelée. Ils possédaient deux grandes maisons : une maison de campagne à Ikonio et une à Sille où ils habitaient pendant l’hiver. Ils passaient de bons moments en famille, en écoutant de la musique sur le gramophone, ou en regardant des diapositives. Lorsqu’un membre de la famille se mariait, la fête durait sept jours. Chaque dimanche, sa grand-mère cuisinait un chausson aux poireaux et toute la famille était rassemblée autour du repas. Maria allait à l’école élémentaire et ses deux grands frères allaient au collège américain de Sille pour apprendre l’anglais et le français. Avant la catastrophe de Smyrne, ils avaient de bons rapports avec les Turcs. Les enfants jouaient ensemble, ils organisaient des soirées où ils se déguisaient. Malgré tout, les mariages mixtes étaient très rares. A Sille, on parlait un dialecte entre le grec et le turc. En 1922, 11.000 soldats turcs ont occupé la ville et leur maison fut réquisitionnée. Chrysanthos a été envoyé à Talali où il est mort. Le reste de famille est parti en train jusqu’à Mersini, emportant avec eux tous les objets de valeurs qu’ils possédaient. Arrivées à Mersini, les autorités turques ont confisqué tous leurs biens en les fouillant au corps. Selon Maria, certains grecs avalaient des pièces d’or pour les cacher. La famille a réussi à embarquer sur un bateau grec appelé “Andreas Androu”. Les conditions sur bateau étaient misérables et Maria se souvient qu’ils étaient entassés les uns sur les autres comme du bétail, et que plusieurs passagers étaient atteints du typhus. L’une de trois sœurs en fut frappée pendant le voyage. Une fois arrivés en Grèce ils ont été déplacés dans plusieurs villes. D’abord installés à Volos, ils ont ensuite été conduit en train à Nauplie, dans le Péloponnèse. C’est à ce moment-là que sa sœur est morte du typhus. Les gens de Nauplie étaient très attentionnés et les ont aidés. Maria et ses frères, sollicitèrent alors leurs anciens professeurs de collège de Sille pour rejoindre l’orphelinat américain d’Ermoupoli, à Syros. Au début, la famille habitait dans un entrepôt et mangeait à la soupe populaire. Ils ont ensuite déménagé dans un quartier réservé aux réfugiés. Les premières années, les habitants de Syros étaient méfiants, mais au cours du temps, leurs relations se sont améliorées. Maria a terminé l’école élémentaire et elle a été prise au collège américain où elle a appris le français et l’anglais. Ensuite, son frère a ouvert un magasin et elle a travaillé avec lui. Durant l’Occupation allemande en Grèce, ils ont tout perdu. Ils étaient terrorisés par les bombes et même quand la porte claquait, ils tremblaient tous de peur. Par dessus tout, ils se méfiaient des délateurs grecs. Maria raconte avec tristesse qu’encore aujourd’hui elle a la même sensation de peur lorsque quelqu’un ouvre la porte. À la fin de ses études, elle fait un mariage arrangé avec un réfugié originaire du Pont. Son mari tenait un petit commerce et ensemble, ils ont eu deux enfants Chrysanthos et Panagiotis. À la fin de l’entretien, Maria se souvient de Fatima, une amie turque de la famille, à qui ils avaient confié tous leurs objets de valeur et leurs tissus en soie en 1922. Quand ils les ont demandés quelques années plus tard, elle leur a tout restitué.

Sujet(s) :
enquête
récit de vie
transmission familiale
abandon de terre
communauté grecque
réfugié
relation intercommunautaire
expatriation
maladie pulmonaire
bateau
enregistrement et lecture du son
maintien des traditions
identité culturelle
souvenir d'enfance
condition de vie
genre sexuel
Incendie de Smyrne
1922
guerre de 1939-1945
Occupation allemande de la Grèce

Date :
2001-08-04

Format :
1 cass.
42min

Langue :
grec
gre

Couverture :
Ermoúpoli
37.44227
24.94248

Droits :
Contrat d'autorisation d'utilisation et de diffusion signé entre l'informateur et les archives historiques des Cyclades en juillet 2013.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Relation(s) :
Réfugiés d'Asie-Mineure sur l'île de Syros en 1922

Type :
archives sonores
sound

Source :
4448

Citation

enquêteur : Stathatou, Katilena et informateur : Kiriakidou, Maria, “Maria Kiriakidou réfugiée de la première génération issue d'une famille originaire de la ville de Sille évoque les événements de 1922,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/118077.