Chrisanthi Zissidou, réfugiée de la première génération décrit sa fuite d'Asie-Mineure à l’âge de 9 ans et celle de sa famille en 1922

Auteur(s) :
enquêteur : Stathatou, Katilena
informateur : Zissidou, Chrisanthi

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=10916
mmsh10916

Type :
archives sonores
sound

Description :
Les noms des lieux sont parfois donnés en langue turque.
Chrisanthi Zissidou est une réfugiée de la première génération. Au cours de l’entretien, elle raconte sa fuite de Constantinople en 1922, aidée dans son récit par sa fille Agni Zissidou. Chrisanthi est née en 1913 à Constantinople et elle avait deux frères, Nikos et Dimitris. Son père, Achilleas Zissidis, était pêcheur et possédait ses propres bateaux. Sa mère, née Koutsougiani, était originaire de l'île d'Icarie. Ses deux parents n’étaient jamais allés à l’école, mais Chrisanthi a suivi les deux premières classes de l’école primaire. La famille habitait une grande maison en pierre, avec un jardin, et ils étaient également propriétaires d’une maison de campagne sur l’île des Princes dans la mer de Marmara. Sa grand-mère maternelle travaillait à l'ambassade d’Autriche à Constantinople. Son père avait de bons rapports avec les Turcs, et elle a le souvenir que celui-ci buvait des ouzos avec eux. En 1922, ils ont abandonné leurs biens se sont enfuis par bateau. Dans le désordre, Chrisanthi s’est perdue, mais heureusement sa marraine l’a retrouvée. Son frère, Dimitris est tombé à la mer, mais il a été repêché. Le bateau a d’abord accosté sur l’île de Céphalonie dans la mer Ionienne, où ils sont restés un an avec d’autres réfugiés. Son père a pu travailler avec un pêcheur de l’île. Ensuite, l’État les a envoyés au Pirée où ils habitaient dans des tentes, mais ils ont préféré de rejoindre Syros où ils avaient des amis. Grâce à l’aide de cette famille qui a confié leurs papiers au préfet de Syros, ils ont régularisé leur situation. À Syros, ils habitaient avec d'autres familles de réfugiés. Le père de Chrisanthi s’est fait envoyer sa barque qui était restée sur l'île des Princes par un ami turc, puis l’a réparée au chantier naval de Syros. Chrisanthi est allée quelque temps à l’école primaire, puis elle a arrêté pour apprendre à coudre. Elle s’est perfectionnée en couture et a pu en faire son métier. Sa mère travaillait dans une usine à Ermoupoli. Dans la deuxième partie de l’entretien il est question du mari de Chrisanthi, Giorgos Sikoutris. L’arrière-grand père de Giorgos est parti de l’île de Chios pour s’installer à Smyrne où ses relations avec les Turcs étaient amicales. Son fils, le grand-père de Giorgos a eu de nombreux enfants, dont quatre ont survécu ; parmi eux, Giorgos né en 1907. Sa famille avait un magasin de produits laitiers et c’est ainsi que Giorgos, qui savait à peine lire, a appris comment faire les loukoums. Lors de la catastrophe, l’armée turque a tué le grand-père de Giorgos devant ses propres yeux. Giorgos réussit à fuir, mais blessé à la jambe il va la perdre suite à une gangrène. Dans sa fuite, il a été aidé par un Turc. Il a retrouvé sa petite sœur Kalliopi qui avait a été violée, son autre sœur, Maria, s’était cachée dans un sous-sol avec son nouveau-né et son mari. Ce dernier était venu de Thessalonique pour leur venir en aide, mais il a été tué par l’armée turque alors qu’il avait seulement 19 ans. Le reste de la famille a été sauvé par un Turc qui les a mis dans une charrette, les a recouverts de foin et les a conduits vers le port. Dans l’entretien, ce ne sont pas les Turcs que Chrisanthi met en cause mais surtout les Anglais et les Italiens, car elle considère qu’ils ont abandonnés les populations grecques. Les trois frères et sœurs se sont retrouvés à Syros en passant par Chios. Giorgos Sikoutris est devenu pâtissier et a exercé ce métier jusqu’à sa mort, en 1993. Bien qu’unijambiste, il a pris part à la Résistance en pratiquant l’espionnage contre les Italiens et les Allemands. Il était antiroyaliste et partisan fanatique de Venizelos. Le jour de la mort de cet homme politique, il a fermé sa boutique et avec un autre habitant de Syros, ils ont organisé un enterrement symbolique en défilant avec un cercueil dans le quartier. Chrisanthi se souvient de son mari Giorgos comme d’un homme très beau avec un bon cœur mais elle n’est pas vraiment capable de dire s’il s’agissait d’un mariage arrangé ou d’un mariage d’amour. Durant l’entretien, elle cite des vers sur l’amour et ses difficultés et la jeunesse perdue.

Sujet(s) :
enquête
récit de vie
transmission familiale
abandon de terre
communauté grecque
réfugié
relation intercommunautaire
travail des enfants
travail des femmes
expatriation
condition de travail
violence
genre sexuel
entreprise artisanale
pâtisserie
pauvreté
chantier naval
couture
pêcheur
Arabophone
Venizélos, Elefthérios (1864-1936)
Incendie de Smyrne
1922
guerre de 1939-1945
Occupation allemande de la Grèce

Date :
1994-04-15

Format :
1 cass.
40min

Langue :
grec
gre

Couverture :
Ermoúpoli
37.44227
24.94248

Droits :
Contrat d'autorisation d'utilisation et de diffusion signé entre l'informateur et les archives historiques des Cyclades en juillet 2013.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Relation(s) :
Réfugiés d'Asie-Mineure sur l'île de Syros en 1922

Type :
archives sonores
sound

Source :
4455

Citation

enquêteur : Stathatou, Katilena et informateur : Zissidou, Chrisanthi, “Chrisanthi Zissidou, réfugiée de la première génération décrit sa fuite d'Asie-Mineure à l’âge de 9 ans et celle de sa famille en 1922,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/119235.