Un enseignant expatrié français depuis 7 ans et arrivé depuis 4 mois à Beyrouth, parle des relations franco-libanaises au Lycée franco-libanais de Beyrouth (Liban)
Auteur(s) :
enquêteur : Battegay, Alain
informateur : 1411
Editeur :
Phonothèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme
Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=11687
mmsh11687
Type :
archives sonores
Sound
Description :
L’informateur apprend l’arabe dialectal à raison d’une heure et demie par semaine
Au moment de l’enregistrement, le jeune homme de 35 ans est arrivé il y a 4 mois à Beyrouth, au Liban. Cela fait 7 ans qu’il vit à l’étranger. Il a vécu en Allemagne en tant qu’étudiant, à Saint Domingue en tant que coopérant militaire et professeur de Français langue étrangère, au Mexique en tant que civil professeur de Français langue étrangère et de philosophie. Ce sont ces matières qu’il enseigne également depuis son arrivée au Lycée franco-libanais de Beyrouth. Il est agrégé, détaché de l’éducation nationale et détaché du ministère des affaires étrangères. Depuis qu’il est arrivé, il vit dans le quartier francophone d’Achrafieh. Il dit n’avoir rencontré aucun problème matériel lors de son installation au Liban, même s’il regrette un accueil timide au Lycée franco-libanais de Beyrouth. Pour lui, voyager à l’étranger est un choix qui est plus aisé à réaliser pour un célibataire, même si s’éloigner de son entourage et du monde universitaire français est un inconvénient. Il ne sait pas encore quand il décidera de rentrer en France, peut-être dans 3 ou 4 ans. Il confie au chercheur ne pas aimer particulièrement voyager, dans le sens où il n’a jamais profité de ses longs séjours à l’étranger afin de visiter les alentours. Au Liban, il souhaite découvrir les pays du Moyen-Orient comme la Turquie et la Syrie. Concernant ses relations, il entretient peu de relations épistolaires avec les Français de France alors qu’il conserve des liens avec des Français expatriés. Il ne participe pas à des manifestations culturelles françaises car il ne voudrait pas être enfermé dans un réseau de fréquentations. Au contraire, il souhaite connaître certains Libanais qu’il a rencontrés chez des amis français. Le jeune enseignant parle ensuite de ses collègues libanais qui se sont mis en grève à 2 reprises, la première fois contre l’administration française de l’établissement et la deuxième contre le gouvernement libanais. Il mentionne son amitié avec un collègue libanais, avec qui il a beaucoup de points en commun (son origine n’est pas importante aux yeux de l’homme) et avec qui il discute du rapport des Libanais avec le Lycée franco-libanais, à la fois perçu comme un instrument de l’impérialisme français et à la fois comme un établissement élitiste et honorifique symbolisant la présence française. L’enseignant décrit comment l’élite libanaise se distingue par la perte de son identité culturelle arabe et son mépris envers les autres classes sociales. Il parle d’une obsession libanaise sur les carrières en droit ou en médecine et, d’après lui, les étudiants libanais reçoivent une pression de la part de leur famille. Le Lycée franco-libanais permet d’accéder à un double diplôme, français et libanais. De manière générale, les Libanais développent des affinités divergentes, soit avec la culture palestinienne, soit avec la culture française. Pour lui, il est évident qu’une culture arabe persiste au Liban mais il se demande si les Libanais ne cherchent pas une nouvelle identité. Il explique comment la culture arabe s’est développée au Liban puis a été refoulée par l’impérialisme français. L’homme insiste sur le fait que l’élite fréquentant son lycée n’est pas l’élite économique mais l'élite culturelle et intellectuelle du Liban. Pour lui, les Américains du Nord prennent le relais au Liban. L'École des Lettres qui formait le noyau intellectuel de l’opposition libanaise, qui dénonçait paradoxalement la présence française, est à présent fermée. La politique française n’est pas assez élaborée selon lui. La France bénéficie d’un certain prestige mais il ne croit pas qu’il y ait une demande libanaise de la culture française. Pour lui, les chrétiens maronites cherchent un appui en Occident et ils ont donc recours à la France. L’enseignant insiste sur le prestige intellectuel et culturel de la France, sur le lien entre l’université et l’idéologie humaniste, en tant que courant majoritaire. Il questionne le rôle de l’enseignement de la langue française comme véhicule culturel nécessaire au développement du Liban. Pour lui, le Liban est un pays où beaucoup d’influences étrangères se heurtent et cela depuis des siècles. La fin de l’entretien est tourné vers la situation économique de l’informateur, qu’il juge très confortable. L’entretien se transforme en discussion autour du cloisonnement de la communauté française au Liban.
Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
coopération du Service national à l'étranger
différence culturelle
élite
grève
communauté libanaise
francophonie
représentation de la France
relation de travail
domination culturelle
représentation de l'étranger
École Supérieure des Lettres de Beyrouth
Grand Lycée franco-libanais de Beyrouth
Mission Laïque Française
Date :
1975-01
Format :
1 bde
1h 30min
Langue :
français
fre
Couverture :
Beyrouth
N33°53'20''
E35°29'39''
Droits :
Contrat signé avec la dépositaire. Recherche des ayants droit en cours.
Consultable sur autorisation
Relation(s) :
Les français au Liban depuis 1945, une minorité allogène
Type :
archives sonores
Sound
Source :
4360