Témoignage de l'ancien PDG de l'entreprise Micasar à Marseille, en poste de 1968 à 1992, à propos de sa carrière professionnelle et de l'histoire de l'entreprise familiale
Auteur(s) :
commanditaire : AD 13
auteur personne morale : Paroles Vives
enquêteur : Maniaval, Elodie
informateur : Arbona, Daniel
Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12108
mmsh12108
Type :
archives sonores
Sound
Description :
L'informateur est né en 1947 à Saint-Étienne. Il arrive à Marseille en 1948 car son grand-père maternel proposait à son père de venir travailler avec lui pour faire du commerce de dattes. Il débute l'aventure dans un premier local au 134 boulevard Michelet et crée ensuite l'entreprise Micasar qui porte le nom des trois entrepreneurs de la société. Michel étant le nom de son grand-père maternel, Casanova celui de son associé et Arbona celui de son père. En 1949, son père rachète leurs parts et dirige seul l'entreprise (1 min). L'informateur intègre cette dernière en 1968 mais y travaillait déjà pendant les vacances scolaires pour faire de la manutention. Son père désirait que ses enfants reprennent la suite et l'informateur explique qu'il a commencé par suivre son père pendant quelques mois avant de remplacer le directeur administratif (3 min). Il est ensuite rapidement passé au service achat, ce qui l'a amené à voyager principalement en Algérie et en Tunisie. L'Irak et la Californie ont ensuite été de nouveaux marchés et des méthodes de conditionnement différentes ont dû être développées pour les deux variétés venant d’Irak. L’informateur raconte qu’ils ont réussi à travailler ces dattes en rajoutant une huile alimentaire, le sultanol, dans les bains de glucose ; elles n’étaient alors plus traitées qu’à la vapeur. Ce process a été mis au point dans l’entreprise qui se servait déjà d’un procédé identique pour le conditionnement des pruneaux et importait des raisins du Turquie déjà traités avec du sultanol, afin qu’ils ne s’agglomèrent pas entre eux (6 min). L’informateur parle ensuite de la création, par son père, de la seconde saison des dattes ; le but étant de continuer à en exporter jusqu’au printemps. Il a donc installé des frigos dans lesquels étaient stockées les dattes tout l’été pour ensuite être sorties petit à petit, une fois que l’ouverture de la saison avait été décrétée par le syndicat des dattes (17 min). Une main-d’œuvre importante était nécessaire. L’entreprise avait alors deux usines, celle du boulevard Michelet et de l’avenue Roger Salengro. Puis, une troisième usine située chemin du Rouet a été louée en 1970 ; l’informateur en était le directeur technique, tout en continuant de s’occuper des achats. Il relate brièvement son expérience dans ce secteur lorsqu’il allait en Californie pour sélectionner les dattes (20 min). En 1978, les anciens entrepôts des pastis Berger sont rachetés afin de rassembler les différentes unités de l’entreprise. Elle se trouve désormais au 3 boulevard Villecroze et conserve en même temps l’usine du boulevard Salengro pour le conditionnement des autres fruits secs (28 min). L’informateur explique à présent le circuit de la datte, de sa réception à son expédition. Il renseigne alors sur le poste du triage, la phase de vaporisation, le trempage, le séchage, la mise en boîte et l’encellophanage (31 min). Il informe ensuite sur le marché avec l’Algérie. Après l’indépendance du pays, les producteurs ont connu une libéralisation du marché et Micasar traitait directement avec eux. Il parle des dattes qui étaient achetées en Algérie et des palmeraies qu’il visitait (38 min). L’informateur revient sur l’usine du boulevard Villecroze qui s’est agrandie suite aux rachats de bâtiments la jouxtant. Un espace de stockage a alors été dédié au conditionnement des fruits secs ce qui eut pour effet la fermeture de l’usine de l’avenue Salengro et la mise au point de nouveaux produits comme l’abricot et la figue réhydratée, ainsi que les fruits secs fourrés à la pâte d’amande (43 min, 48 min). Il témoigne aussi des créations autour de la présentation des produits et de l’implication des employés dans l’élaboration des gammes de Noël qu’il fallait renouveler chaque année (46 min). Il décrit maintenant la confection des sachets par des peseuses et aborde l’automatisation des machines qu’il commence à mettre en place sur les articles nouveaux. C’est ensuite lorsque son père part à la retraite que l’informateur modernise l’atelier de triage (50 min). Il informe à présent de la création en 1988 du groupe Samica, suite aux accords passés avec les Établissements Saman, ayant un atelier de conditionnement de fruits secs à Vitrolles. C’est à cette occasion que l’informateur devient le PDG de Micasar ainsi que le directeur technique du groupe. Son frère, lui, en est le directeur export, poste qu’il occupait déjà au sein de l’entreprise Micasar (58 min). L’informateur aborde ensuite les marchés de Micasar à l’export ; l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie étaient leurs plus gros clients. Le challenge était d’arriver à exporter les fruits secs et plus seulement les dattes. Il évoque ensuite brièvement le commerce des dattes à Marseille (1 h 02 min). En 1992, les Établissements Saman rachètent les parts de Micasar pour vendre ensuite la holding Samica au groupe américain Dole. Son frère et lui créent la société Arbona et compagnie en investissant auprès d’un partenaire tunisien, alors ancien fournisseur de Micasar. Ce dernier avait monté une usine de dattes et la société Arbona et compagnie avait pour rôle d’acheminer les boîtes et d’importer ensuite les dattes conditionnées (1 h 07 min). L’informateur explique qu’il vend ensuite ses parts à son frère pour entreprendre de racheter une petite entreprise de torréfaction de fruits secs et d’épices, puis monte un atelier de conditionnement de dattes dans lequel travaillent d’anciens employés Micasar. Tout en même temps, il s’associe avec un entrepreneur qui a un atelier de conditionnement aux Pennes-Mirabeau, ce qui l’amène à revendre ses ateliers sur Marseille pour se consacrer seulement à cette activité qu’il arrête en 2000. Il finit tout de même par refaire des saisons avec son frère pour l’entreprise Arbona et compagnie, nouvellement installée aux Arnavaux. Il raconte qu’ils se sont même rééquipés de quelques machines pour sauver la marchandise (1 h 15 min). L’informateur parle à présent du rachat de l’entreprise Saman au groupe américain, par la coopérative France-Prune. Ceci entraîne la délocalisation de l’activité dans le Lot-et-Garonne (1 h 26 min). Il s’exprime sur la baisse de la qualité du conditionnement de la datte en France aujourd’hui. Il parle alors de la transmission de ses connaissances lorsqu’il était en poste et précise que l’apprentissage se fait beaucoup sur le terrain. Il aborde aussi les compétences que doit avoir le personnel (1 h 30 min). L’entretien s’oriente ensuite sur les évolutions des emballages et des gammes sous les différentes marques de l’entreprise (1 h 35 min). L’informateur évoque maintenant les liens avec les autres entreprises de conditionnement de dattes à Marseille, toutes réunies dans le syndicat des dattes. Il relate une anecdote pour montrer la coopération entre elles, lorsqu’en 1969 l’Algérie avait stoppée ses ventes vers la France (1 h 38 min). L’informateur raconte aussi la fois où l’entreprise Micasar a eu l’occasion de participer à l’achat d’une palmeraie et d’un atelier de conditionnement en Californie mais son père avait refusé (1 h 44 min). Travailler avec lui n’a pas été chose facile car il n’avait pas la même manière de voir la gestion d’une entreprise. Il parle alors du parcours professionnel de son père qui a commencé comme manutentionnaire (1 h 49 min). Puis, il aborde la politique sociale qu’il avait mise en place pour ses employés et donne son avis sur les syndicats (1 h 57 min). De nombreuses femmes travaillaient à Micasar, essentiellement des trieuses, des peseuses et des surveillantes. Il explique alors en quoi consistait ce dernier poste et qui étaient ces femmes (2 h 00 min). Le lien avec le port est maintenant discuté et l’informateur reprochait aux dockers de maltraiter les dattes (2 h 05 min). Il évoque ensuite son rôle de directeur du comité d’entreprise et de la méfiance qu’en avait son père (2 h 08 min). Les conditions de travail sont abordées. L’informateur parle alors du rendement à l’heure, des horaires de travail et de la sécurité mise en place (2 h 11 min). Pour finir, il témoigne de son affinité envers le produit de la datte et de l’intéressement qu’il a eu pour son métier. L’aspect le moins plaisant pour lui a été de s’occuper de la vente en grandes surfaces (2 h 18 min). Aujourd’hui, il garde l’image d’une entreprise familiale qui a été un des acteurs d’une activité typiquement marseillaise (2 h 25 min).
Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
transmission d'entreprise
carrière professionnelle
relation maître-serviteur
relation de travail
évolution du métier
progrès
histoire de l'entreprise
croissance de l'entreprise
transmission familiale
entreprise familiale
coopération professionnelle
cessation d'activité
condition de travail
travail en usine
division sexuelle du travail
années 1980
années 1960
années 1940
années 1950
années 1970
années 1990
années 2000
Date :
2016-01-18
Format :
1 carte SD, 44khz/16bits
2h 26min
Langue :
français
fre
Couverture :
Marseille
Droits :
Signature d'un contrat avec l'informateur et d'une convention entre les AD13, Paroles Vives, et la MMSH spécifiant les droits d'utilisation pour tous les partis.
Consultation en ligne et réutilisation sur autorisation
Relation(s) :
Une histoire sociale du territoire à travers les mémoires orales des industries à Marseille
Type :
archives sonores
Sound
Source :
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