Témoignage d'un ancien cadre à l'entreprise Coder, à Marseille, à propos des activités de l'entreprise et de ses différents postes occupés à la direction de 1962 à 1978

Auteur(s) :
commanditaire : AD 13
auteur personne morale : Paroles Vives
enquêteur : Maniaval, Elodie
informateur : Daubet, Jacques

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12092
mmsh12092

Type :
archives sonores
Sound

Description :
L'informateur est âgé de 80 ans, il est né dans le quartier de Saint-Loup à Marseille. Il fait ses études à Paris à HEC et rentre chez Coder en 1962. Son père y travaillait déjà et était à cette époque le directeur technique et commercial. À son arrivée, il est attaché à la direction commerciale, au département route. Il commence par raconter l'histoire de l'entreprise familiale Joseph et Louis Coder. D'abord constructeurs de charrettes à Aubagne, puis constructeurs de wagons à Saint-Marcel, c'est ensuite à partir des années 30 que Coder construit des appareils pour la route, avec pour grande spécialité les semi-remorques citernes. Un département menuiserie/bâtiment a également vu le jour avant les années 60, au moment du boom immobilier. Et petit à petit, la construction ferroviaire a diminué (1 min). L'informateur explique aussi comment Coder s'est développé par sa participation à la découverte du pétrole au Sahara et évoque les différents distributeurs que l'entreprise avait à travers le monde (8 min). Il détaille ensuite l'historique de la société implantée sur le site de Saint-Marcel de 1921 à 2012, avec les différents rachats et noms qu'elle a portés (11 min). Il témoigne de la technologie de pointe qui faisait la réputation de Coder, grâce notamment au nombre conséquent d'ingénieurs au sein de la direction, et des innovations réalisées dans l'entreprise. Il parle alors de la conception de la « citanox », première semi-remorque citerne avec anneaux en inox, la plus légère du marché. Puis dans les années 1965, Coder a commencé à construire des citernes en aluminium, les « citalu », encore plus légères que celles en inox. Il a aussi connu la mise en place de la suspension « caouflex ». Il s'agissait d'un nouveau système en caoutchouc pour la suspension des remorques mais il n'a pas pu être suffisamment développé. Il en vient à évoquer la mise en place par Coder du camion-atelier, qui sillonnait les routes pour aller dépanner les semi-remorques (14 min). L'informateur aborde la clientèle des semi-remorques, des petits transporteurs aux concessionnaires, démarchés par des représentants de chez Coder. Il renseigne sur le marché des semi-remorques en France, dominé par 4 grands constructeurs avec Coder se plaçant en troisième position, mais premier pour les citernes (21 min). L'informateur parle ensuite des différents postes qu'il a occupés tout au long de sa carrière dans l’entreprise. Il était à la direction commerciale du temps des Établissements Coder Frères, puis à la direction des achats et à la direction du département administration générale et personnel pour la Société Nouvelle de Gestion des Établissements Coder et enfin est devenu le secrétaire général de la Société Métallurgique de Saint-Marcel en 1975. Il renseigne alors sur les activités de cette dernière société et explique qu'il a été en confit avec le nouveau directeur, ce qui l'a poussé à quitter l'entreprise Coder en 1978 (28 min). Il revient à présent sur son poste de direction des achats, celui qui était le plus stimulant car il fallait recréer des bases. La direction du personnel a été le poste le plus dur car il fallait gérer les tensions suite aux différents rachats (37 min). Il parle ensuite de son apprentissage en étant près du terrain (42 min) et fait le constat de la désindustrialisation de la vallée de l'Huveaune (45 min). Il évoque ensuite le terrain de football et le gymnase qui avait été construits par Coder dans les années 20/30, et aborde ainsi la politique sociale de l'entreprise avec notamment les jardins ouvriers. Il témoigne notamment d'un tournoi de boules qu'il garde en tête (47 min). L'informateur discute de ses conditions de travail, des relations familiales qu'il entretenait avec la direction et du peu de liens entre les différents services, notamment le département ferroviaire (50 min). Il s'exprime sur la fermeture de l'usine qui d'après lui vient de la difficulté de l'entreprise à s'adapter à la baisse de l'activité. Il détaille alors les tâches qui lui étaient confiées en tant que directeur du personnel (54 min). Il était difficile de trouver du personnel en raison des dures conditions de travail, l'entreprise faisait alors venir des Yougoslaves, dépêchés par l'office français de l'immigration, pour grossir les effectifs. L'informateur en vient à parler des 30 Glorieuses et des premières fermetures d'usines (57 min). Il revient sur son poste de directeur commercial en parlant des relations étroites avec les grands clients et du climat familial qui régnait ; c'est ce qui lui a le plus plu dans ce poste (1 h 03 min). Il détaille ensuite les archives de l'entreprise qu'il a sous les yeux en les commentant (1 h 11 min). Les transformations qu'il a connues dans son travail sont abordées : l'informatisation, l'importance de la sécurité (1 h 15 min). Pour lui, l'ensemble des postes qu'il a occupés lui ont permis d'acquérir des compétences en management (1 h 20 min). Il revient sur son poste de directeur des achats qui a consisté à reconquérir certains fournisseurs et à en laisser d'autres de côté. En occupant cette double casquette, c'est le poste qu'il a trouvé le plus intéressant (1 h 27 min). Il discute ensuite des changements effectués dans son travail suite aux restructurations qu'il a connues chez Coder et parle de l'application des savoirs qu'il a acquis à HEC et à la Marine, en réponse à ces perturbations. L'informateur relate ensuite une anecdote lors d'une grève où il a été séquestré dans son bureau (1 h 31 min). Il revient ensuite sur l'équipe de football Coder dans laquelle il s'était beaucoup investi, il trouvait les financements pour les déplacements qu'impliquait le championnat corporatif (1 h 37 min). L'entretien s'oriente sur les points forts et faibles de l'entreprise (1 h 42 min). L'informateur renseigne également sur l'activité militaire de Coder qui avait un contrat avec l'armée française pour fabriquer des semi-remorques porte-char et des ponts d'assaut. Il parle du contrôleur de l'armée qui était en permanence à l'usine pour vérifier que la fabrication se fasse en bonne et due forme. Il se souvient du marché avec l'armée indonésienne pour qui Coder avait fabriqué des semi-remorques et le marché avec l'armée algérienne pour la construction de semi-remorques porte-char (1 h 45 min). L'informateur évoque le peu de liens entre l'usine et les habitants du quartier. Il parle du tramway qui venait jusqu'à l'usine et de l'arrêt qui portait le nom Coder. Aujourd'hui, tous les bâtiments de l'usine ont été remplacés par d'autres (1 h 51 min). Il commente à présent une archive concernant le groupe de résistance Coder qui s'était constitué pendant la Seconde Guerre mondiale (1 h 54 min). L'informateur raconte que son père a bien connu Joseph Coder et il relate une anecdote qui atteste de sa maîtrise de la soudure de rivet. Son père était attaché à l'entreprise, il la voyait comme immuable, et souhaitait vivement que son fils l'intègre ; l'embauche familiale était alors fréquente. Néanmoins, son père ne lui parlait pas beaucoup de l'entreprise. L'informateur, lui, dit s'y être attaché seulement avec le recul car lorsqu'il l’a intégrée, elle commençait déjà à battre de l'aile (1 h 58 min). Il se souvient du bar de la métallurgie, situé en face de l'usine, qui a disparu suite à la fermeture de celle-ci. Les ouvriers uniquement fréquentaient ce bar. Il témoigne aussi du nombre de commerces dans le village de Saint-Marcel qui vivaient grâce à l'activité de l'entreprise (2 h 07 min). L'informateur oriente l'entretien ensuite vers la question du temps de travail et donne son point de vue sur les 35 heures (2 h 11 min). Il parle d'une entreprise de construction de citernes en inox, située à Dole, qui a récupéré de nombreux cadres de chez Coder une fois l'usine fermée et qui a su se hisser à la première place du marché européen. Pour lui, Coder n'y ait pas arrivé en partie en raison de la fabrication en chaîne continue. Il raconte que toutes les pièces étaient fabriquées à la fonderie de l'usine. Coder n'a jamais eu recours à la sous-traitance, ce qui avait pour conséquence un coût de revient élevé. L'esprit familial avec le mauvais management du personnel n'a pas aidé non plus à tirer l'entreprise vers le haut (2 h 16 min). L'informateur termine l'entretien en s'exprimant sur son souhait de voir perdurer le souvenir de l'usine Coder (2 h 25 min).

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
relation de travail
évolution du métier
alcool
condition de travail
progrès
histoire de l'entreprise
relation maître-serviteur
entreprise en difficulté
transmission d'un savoir
grève
sécurité au travail
embauche familiale
travailleur immigré
années 1930
années 1960
années 1970
Trente Glorieuses

Date :
2015-11-23

Format :
1 carte SD, 44khz/16bits
2h 27min

Langue :
français
fre

Couverture :
Marseille

Droits :
Signature d'un contrat avec l'informateur et d'une convention entre les AD13, Paroles Vives, et la MMSH spécifiant les droits d'utilisation pour tous les partis.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Relation(s) :
Une histoire sociale du territoire à travers les mémoires orales des industries à Marseille

Type :
archives sonores
Sound

Source :
5156

Citation

commanditaire : AD 13 et al., “Témoignage d'un ancien cadre à l'entreprise Coder, à Marseille, à propos des activités de l'entreprise et de ses différents postes occupés à la direction de 1962 à 1978,” Portail du patrimoine oral, consulté le 26 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/119981.