Theodosia Hatzigeorgiou issue d’une famille de réfugiés sur l’île de Syros, raconte l’histoire de ses parents, Ioannis et Despina Havatzi qui ont vécu la catastrophe d’Asie-Mineure
Auteur(s) :
enquêteur : Stathatou, Katilena
informateur : Hatzigeorgiou, Theodosia
Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=10914
mmsh10914
Type :
archives sonores
sound
Description :
Les noms des lieux sont parfois donnés en langue turque.
Theodosia Hatzigeorgiou est née en 1922 au moment de la Grande Catastrophe. Son père, Ioannis Havatzis, vivait à Makri en Asie Mineure. Grand propriétaire terrien, il possédait des commerces dans la zone littorale de Makri. En 1920, il fait un mariage arrangé avec Despina car d’après l’informatrice “ce n’était pas une époque propice aux histoires d’amour”. Despina et Ioannis ont eu 9 enfants. Deux filles sont nées un peu avant la catastrophe d’Asie-Mineure : la première est décédée tout de suite et la deuxième était Theodosia. D’après les souvenirs de ses parents, Theodosia raconte que l’armée turque enrôlait les hommes de 15 à 75 ans. Son père, Ioannis a été exilé à deux reprises, en 1914 et en 1920. Les conditions de l’exil étaient indécentes, beaucoup de prisonniers n'arrivaient jamais à destination et mouraient en chemin. Lors de son deuxième exil en 1920, Ioannis était considéré comme mort par sa famille qui n’avait plus aucune nouvelle. Son beau-frère, Evangelos Zissimatos, de peur d’être exilé à son tour, s’était caché sous une trappe de sa maison. Les autorités turques l’ont cherché partout, sans succès, et ont fini par prendre sa femme à sa place. Quand Ioannis, qui était encore en exil, a appris que sa sœur a été mobilisée, il a prié les soldats turcs de la relâcher, car il était injuste de faire payer une femme la disparition de son mari. Il a obtenu de raccompagner sa sœur à Makri, à condition de retourner aussitôt en exil. Quand Ioannis est arrivé à Makri ce fut un moment de forte émotion. Tout le monde le croyait mort et a cru à un miracle. Toutes les femmes du quartier qui avaient leurs époux en exil lui demandaient des nouvelles. On ne sait pas avec exactitude, d’après le récit de Theodosia, si Ioannis est retourné en exil. A propos de son père elle raconte une anecdote de cette période d’exil, à un moment où il était question d’exterminer tous les exilés. Un jour, un officier qui était en faveur des grecs avait montré un bouquet d’œillets rouges aux soldats et leur avait demandé s’il le trouvait beau. Les soldats avaient répondu par l’affirmative. L’officier avait alors pris les ciseaux et coupé toutes les fleurs. Puis il leur avait reposé la question et les soldats avaient répondu par la négative. Il avait conclu par cette analogie : “c’est ainsi que nous serions sans les grecs”. Lorsque les persécutions ont commencé à menacer les grecs, les femmes de la famille de Theodosia ont cherché un moyen de fuir. Elles vivaient cachées dans un bunker avec trente autres familles. Avec le peu d’or qu’il leur restait, elles se sont cotisées pour payer un passeur turc qui les emmena en Grèce. Comme elles n’avaient pas le droit d’emmener avec elles des objets de valeur, la grand-mère de Theodosia a confié ses bijoux au capitaine. D’après Theodosia, ils ont été jusqu’à déchirer leurs chaussures brodées pour voir s’il n’y avait pas caché de l’or. Durant le voyage ils ont traversé une tempête qui a failli leur coûter la vie si bien qu’ils ont été obligés de jeter toutes leurs affaires par-dessus bord. Le voyage a duré cinq heures jusqu'à l’île de Rhodes, alors sous occupation italienne. Ils ont ensuite rejoint l’île de Kéa, où Ioannis les a retrouvés. C’est là bas que Theodosia a été baptisée et ils ont organisé de nombreuses fêtes. Les premières années, les habitants de Kéa étaient méfiants, mais au fil du temps, ils ont appris à mieux se connaître. Le père de Theodosia a ouvert une boulangerie et il transportait des sacs de farine dans les îles voisines. Lors d'un voyage, il a visité l’île de Syros. Lorsqu’il a découvert le grand port encadré par ses deux collines et les petites maisons pittoresques, il est tombé sous le charme. Il a alors décidé de partir de Kéa et d’ouvrir une nouvelle boulangerie à Ano Syros. Cette affaire n’as malheureusement pas fonctionné à cause du boycott des habitants. Après quoi il a ouvert une épicerie et réussi à acheter une maison à Ermoupoli. Durant l’occupation allemande la famille s’est appauvrie et a souffert de la faim. Ils ont été obligés de tout vendre excepté leur maison. Malgré tout, Theodosia se remémore des histoires et des chansons de l’époque. Son père Ioannis meurt en 1934. Theodosia se marie avec Pavlos Chatzigeorgiou, originaire de Smyrne. Son père, Nikos y travaillait comme marchand de tabac. Pavlos est arrivé en Grèce à l’âge de 5 ans, avec seulement une chaussure.
Sujet(s) :
enquête
récit de vie
transmission familiale
abandon de terre
communauté grecque
réfugié
relation intercommunautaire
expatriation
incendie
condition de vie
famine
boulangerie
épicerie
entreprise artisanale
destin de femme
Incendie de Smyrne
1922
Date :
2001-08-06
Format :
1 cass.
1h
Langue :
grec
gre
Couverture :
Ermoúpoli
37.44227
24.94248
Droits :
Nous n’avons pas retrouvé les informateurs ou les ayants droit pour cette enquête. Nous remercions les ayants droit de signaler à la phonothèque toute information susceptible de nous aider à les retrouver pour les informer de la diffusion en ligne. Contrat avec les enquêteurs et avec l'association historique des archives des Cyclades.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée
Relation(s) :
Réfugiés d'Asie-Mineure sur l'île de Syros en 1922
Type :
archives sonores
sound
Source :
4450