Amalia Aloumi-Delide, réfugiée de la deuxième génération, évoque les récits de sa famille originaire de la région de la Pointe-Noire en Asie-Mineure

Auteur(s) :
enquêteur : Stathatou, Katilena
informateur : Aloumi-Delide, Amalia

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=10898
mmsh10898

Type :
archives sonores
sound

Description :
Les noms des lieux sont parfois donnés en langue turque.
Amalia Aloumi-Délidé, née en 1928 est originaire du village de Pyrgi sur l’île de Chios. Elle raconte l’histoire de sa famille, à travers ses propres souvenirs et en faisant appel aux récits de ses grands-parents. Avant 1922, sa famille habitait en Asie-Mineure dans la région de la Pointe-Noire (Karaburun). Sa mère s’appelait Argiro Kampaxi et son père Panagiotis Dragatzis. Son grand-père maternel s’appelait Konstantinos : il est né en 1839 et mort à l’âge de 104 ans. Konstantinos était propriétaire terrien, et entretenait de bons rapports avec les Turcs. Bien qu’analphabète, sa connaissance de la langue turque lui a permis d’occuper la fonction d’interprète dans des affaires juridiques. Avec sa femme, il a eu 8 enfants, 2 filles et 6 fils. Le père d’Amalia, Panagiotis Dragatzis, appartenait à une famille d’agriculteurs et les deux familles étaient voisines et liées par l’amitié. Petit à petit, la coexistence entre les deux peuples est devenue plus difficile et les Grecs se sont repliés sur eux-mêmes. Selon Amalia, à cette époque, les opérations de sabotage, les attaques et les actes de maltraitance envers les Grecs étaient quotidiens, et ont éclaté au mois de septembre 1922. Durant un conflit, Panagiotis a été fait prisonnier et condamné aux galères à Alatsata. La mère d’Amalia, Maria, a réussi à s’enfuir avec les enfants à bord d’un bateau. Ils ont laissé derrière eux toute leur fortune et leurs objets de valeur. Sa grand-mère Argiro se souvient d’une fille qui avait caché des pièces d’or dans la doublure de sa robe. Les autorités turques lui ont brutalement déchiré et elle s’est retrouvée en jupon. Tout le monde courait pour monter à bord des bateaux français, anglais et américains. Parmi les 8 enfants d’Argiro, certains sont allés tenter leur chance en Amérique, d’autres en Australie, tandis que les derniers se sont partagés entre Thèbes et Mégare. La mère d’Amalia, avec le reste de la famille, s’est installée sur l’île de Chios, où pour survivre, elle travaillait dans un four artisanal. L’État leur a donné une maison. Pendant ce temps, son père Panagiotis a réussi à s’enfuir des galères en creusant un tunnel, puis a retrouvé sa famille à Chios. Mais le travail était tellement pénible que les enfants ont cherché d’autres moyens de subsistance : deux garçons sont devenus marins, les soeurs d’Amalia se sont faites embaucher comme domestiques à Athènes. En 1928, quand Amalia avait 6 mois, ses grands-parents l’ont prise avec eux à Syros. Les parents d’Amalia sont restés seuls à Chios et beaucoup plus tard, ils ont rejoint leurs filles à Athènes. Amalia, à un moment de l’entretien, mentionne qu’à la mort de son père, sa mère s’est remariée avec Konstantinos Délidé qui lui a donné 3 enfants. À Syros, les grands-parents d’Amalia ont fait des petits travaux pour survivre et vivaient très chichement. Chaque jour, ils allaient sur les chantiers navaux pour ramasser du bois. Ils habitaient dans une humble demeure à côté de Saint-Georges à côté du cimetière, où vivaient 13 familles dans des conditions précaires. Amalia regrette que les habitants de Syros n’aient pas cherché à avoir plus de contacts avec eux. Pendant la période de l’Occupation, ils ont dû affronter de nouvelles épreuves pour trouver de quoi se nourrir et ne pas mourir de faim. Amalia raconte avec vivacité des anecdotes de leur vie à l’époque.

Sujet(s) :
enquête
récit de vie
transmission familiale
abandon de terre
communauté grecque
réfugié
relation intercommunautaire
travail des enfants
travail des femmes
rapport au travail
famine
expatriation
Incendie de Smyrne
1922
guerre de 1939-1945
Occupation allemande de la Grèce

Date :
2001-08-08

Format :
1 cass.
40min

Langue :
grec
gre

Couverture :
Ermoúpoli
37.44227
24.94248

Droits :
Contrat d'autorisation d'utilisation et de diffusion signé entre l'informateur et les archives historiques des Cyclades en juillet 2013.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Relation(s) :
Réfugiés d'Asie-Mineure sur l'île de Syros en 1922

Type :
archives sonores
sound

Source :
4446

Citation

enquêteur : Stathatou, Katilena et informateur : Aloumi-Delide, Amalia, “Amalia Aloumi-Delide, réfugiée de la deuxième génération, évoque les récits de sa famille originaire de la région de la Pointe-Noire en Asie-Mineure,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/118073.