Geneviève Massard-Guilbaud, Directrice d’études à l’EHESS raconte son parcours professionnel et intellectuel, de l’histoire de l'immigration à l’histoire environnementale, économique et sociale.

Auteur(s) :
interv. : Massard-Guilbaud, Geneviève
interv. : Granet-Abisset, Anne-Marie
interv. : Multiple

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12477
mmsh12477

Type :
archives sonores
Sound

Description :
Geneviève Massard-Guilbaud directrice d’études à l’EHESS retrace son parcours intellectuel et professionnel en remontant à 1976, année au cours de laquelle elle arrête ses études d’histoire pour travailler en usine, passant “de l’amphi à l’établi” comme le dit dans son ouvrage éponyme, Marnix Dressen. Après cette expérience, elle retourne à l’université et s’inscrit en maîtrise d’histoire. Son frère, permanent de la Cimade, la sensibilise aux questions de l’immigration et c’est au cours d’une conférence de Hervé Hamon et de Patrick Rotman sur leur ouvrage “Les porteurs de valise” qu’elle a l’idée d’écrire au sujet des réseaux de soutien au FLN dans la région lyonnaise. Elle propose son sujet de mémoire à Yves Lequin. Son travail est construit sur des sources orales et Geneviève Massard-Guilbaud se heurte alors aux réactions de certains témoins enregistrés qui vont jusqu’à la menacer téléphoniquement. Elle souligne que cette expérience lui a ouvert les yeux sur le traitement de l’histoire orale, beaucoup plus complexe que celui des sources écrites, selon elle. Elle poursuit en DEA, puis en thèse, un travail sur la guerre d'Algérie, tout en suivant les séminaires du Centre Pierre Léon. Mais le sujet est délicat, douloureux pour les témoins, et il exige une capacité à gérer cette douleur qu'elle ne pense pas avoir. Elle décide alors, en accord avec son directeur de thèse, de se réorienter vers un autre sujet, les origines de l'immigration algérienne.Elle revient non sans humour sur les balbutiements de l’informatique de l’époque, en expliquant qu’à l’aide d’un mac qu’elle ne maîtrisait pas bien, elle a dû rentrer manuellement un fichier de 14 000 personnes recensées pour effectuer ses recherches. Elle soutient sa thèse en 1989 et le souvenir de ses travaux l’amène à mentionner l’actualité politique du moment du séminaire, à savoir les dérives nationalistes et racistes de certains courants politiques. Elle dit être irritée par les hommes politiques qui ignorent les sciences sociales alors qu’ils en tireraient une vision autre des politiques migratoires. Elle décide de passer le CAPES, qu'elle n'avait pas passé avant son doctorat, et enseigne en lycée à Lyon. En 1991, elle postule à des postes de maître de conférences et est élue à Clermont-Ferrand. En raison de la guerre civile qui ravage l'Algérie et donc de l'impossibilité d'aller y faire des recherches, elle décide d'orienter ses travaux sur la façon dont on devient français, l'histoire du droit de la nationalité et des pratiques de naturalisation. Elle commence ses recherches par le département du Puy-de-Dôme, où elle enseigne, un département qui a connu de fortes vagues d'immigration et de naturalisation de travailleurs portugais. Pendant deux ans, elle travaille aux archives départementales, mais une application zélée d’une directive de Pierre Joxe, alors ministre de l’intérieur, sur la destruction des archives supposément trop volumineuses des archives de l'immigration, amène à la destruction du fond des naturalisations sur lequel elle travaillait. Ce coup dur la décourage fortement. Ayant perdu deux ans de travail, elle renonce à travailler sur ces questions. En attendant de décider sur quoi porteront ses prochains travaux, elle s'intéresse à l’histoire urbaine d’un quartier de Clermont-Ferrand. Elle tombe alors par hasard sur des archives concernant un établissement industriel insalubre et se rend compte que non seulement ce type d'archives est d'une très grande richesse mais qu'il n'a jamais intéressé les historiens des entreprises, alors même qu'il touche à un sujet de très grande importance, la pollution industrielle. A partir de cette période, Geneviève Massard-Guilbaud se tourne vers l’histoire de l’environnement et participe à la création de l'European Society for Envrionmental History. Ele sera membre de son bureau pendant dix ans , puis présidente de cette société à deux reprises. Pendant ces deux mandats, elle est heureuse d’avoir pu œuvrer à l’ouverture sur l’Europe de l’Est en faisant entrer des représentants de différents pays de l'Est dans les instances de la Société.Elle collabore régulièrement avec des collègues britanniques de l'Urban History Group (une branche de l'Economic History Society) et sa bonne connaissance de l'Angleterre, et notamment de l'Angleterre industrielle du nord, où elle se rend souvent, lui donne un point de comparaison intéressant avec ses propres recherches qui portent, elles, sur la France, son souhait étant l’écriture d’une histoire qui montre les contraintes, relations, interactions de l’homme et la biosphère. Tandis qu'elle prépare son habilitation, elle crée et anime pendant dix ans avec un collègue berlinois puis un petit groupe multinational un réseau nommé "Tables-rondes internationales pour l'histoire de l'environnement urbain", dont les travaux débouche sur une série de publications en français et en anglais. En 2003, elle passe son mémoire pour l’habilitation à diriger les recherches “De l’immigration à l’environnement, un itinéraire en histoire sociale urbaine.” puis est élue professeur à l’EHESS en 2005. Geneviève Massard-Guilbaud insiste ensuite sur la création du RUCHE, Réseau Universitaire des Chercheurs en Histoire environnementale (branche francophone de l’ESEH, European Society for Environmental History) dont l’objectif est de promouvoir le développement de l’histoire environnementale et de faciliter les échanges intellectuels entre les chercheurs parfois isolés dans leurs universités ou institutions respectives. C’est ainsi que Geneviève Massard-Guilbaud a pu élargir ses thèmes de recherche à la justice environnementale ainsi qu’à l’histoire de l’énergie. Pour conclure, elle mentionne son ouvrage à paraître sur l’aménagement de de l’estuaire de la Loire et du port de Nantes et ses conséquences sur la ville, les relations de pouvoir entre les instances concernées (Ponts et chaussées, chambres de commerce, autorités municipales…) La curiosité jalonne toute sa carrière et lors du débat qui suit la séance, les intervenants reviennent sur la particularité de sa démarche historiographique ouverte sur le monde.

Sujet(s) :
congrès
parole publique
témoignage thématique
parcours d'historien
parcours intellectuel
parcours scientifique
Habilitation à Diriger des Recherches (HDR)
écriture de soi
histoire
historiographie
mémoire de synthèse des travaux scientifiques
migration
politique migratoire
archives
sources du chercheur
histoire orale
histoire urbaine
droits et usages
environnement
ville
industrie
aménagement du territoire
droit de l’environnement
énergie
régulation industrielle
Lequin, Yves (1935-....)
Joxe, Pierre (1934-....)
EHESS
Hamon, Hervé (1946-....)
Rotman, Patrick (1949-....)
Centre Pierre Léon (Lyon)
RUCHE
1800-1899
période contemporaine

Date :
2016-03-25

Format :
44.1kHz, 16 bits
1h 36min

Langue :
fre

Couverture :
Grenoble

Droits :
en cours

Relation(s) :
Séances enregistrées du séminaire «L’écriture de soi des historiens».
Entretiens enregistrés dans le cadre de l'ANR Histinéraires

Type :
archives sonores
Sound

Source :
5281

Citation

interv. : Massard-Guilbaud, Geneviève, interv. : Granet-Abisset, Anne-Marie, et interv. : Multiple, “Geneviève Massard-Guilbaud, Directrice d’études à l’EHESS raconte son parcours professionnel et intellectuel, de l’histoire de l'immigration à l’histoire environnementale, économique et sociale.,” Portail du patrimoine oral, consulté le 24 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/121458.