Un ingénieur de l’industrie pharmaceutique Rhône-Poulenc, muté depuis 3 ans à Beyrouth (Liban), parle de ses relations avec la communauté libanaise en 1975

Auteur(s) :
enquêteur : Battegay, Alain
informateur : Escrib (M.)
informateur : Escrib (Mme)

Editeur :
Phonothèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=11690
mmsh11690

Type :
archives sonores
Sound

Description :
L’ingénieur et son épouse prennent tous les deux des cours d'arabe dialectal, deux fois par semaine en centre ville bien que leurs interactions sociales quotidiennes aient lieu en français. L'aîné des enfants suit un enseignement dispensé en français avec des cours d'arabe.
L’informateur et son épouse tous deux nés à Paris, ont deux jeunes enfants. Ils sont installés au Liban depuis la fin du mois de juin 1972, lorsque l'homme a été muté dans une entreprise libanaise partenaire de sa société employeuse en France, Rhône-Poulenc. Il est ingénieur en chimie, titulaire d'une licence ès sciences et d'un master obtenu aux Etats-Unis. Il travaille à Beyrouth comme responsable de la fabrication dans un laboratoire pharmaceutique, mais il occupe aussi des fonctions commerciales et il se déplace régulièrement au Moyen-Orient, en particulier en Arabie saoudite, pour représenter son entreprise. La famille vit en banlieue de Beyrouth, à une trentaine de kilomètres du centre ville. L’ingénieur est satisfait de sa mutation. Il fréquente des Libanais sur son lieu de travail ou dans ses réseaux amicaux, les deux se confondant. Spontanément, il ne s'attarde pas sur les différences entre nationalités ou entre confessions (malgré l'insistance de l'enquêteur sur ces sujets), car elles n’empêchent pas selon lui, l’amitié. De même, il se montre sceptique quant à l'influence de la confession sur les relations sociales ou encore sur les différences de propreté entre les quartiers chrétiens et musulmans. Les seules plaintes que formule l’ingénieur concernent les délais de travail au Liban, plus lents qu'en France. Quant à ses loisirs, le couple sort au cinéma, dans les restaurants, parfois avec des amis, surtout en compagnie de Français liés de près ou de loin à son entreprise. Il s'attarde peu sur les Français vivant au Liban, et ce d’autant que la francophonie n'est selon lui pas réservée aux expatriés (par ailleurs difficile à distinguer physiquement des Libanais). Interrogé à plusieurs reprises sur l'influence culturelle et technique de la France au Liban, l’ingénieur estime ne pas pouvoir l’évaluer car lui-même ne se conçoit pas comme supérieur à ses collègues libanais en vertu de sa nationalité : s'il occupe un poste de formateur technique important, c'est parce qu'il transmet les avancées de recherche effectuées dans la maison-mère de Rhône-Poulenc en France. La discrimination au sujet des confessions et des nationalités, lui semble davantage le fait des Libanais que des expatriés car dans son monde professionnel, ce qui est étranger est gage de qualité pour la clientèle libanaise. De plus, l'usage des langues étrangères sert les distinctions et hiérarchies sociales entre Libanais, lesquelles « rejaillissent » sur les différences confessionnelles. Selon lui, le mandat français a probablement joué un rôle dans l'accentuation de ces distinctions, même si les différences confessionnelles préexistaient au Liban. Interrogé sur « l'arabité » du Liban, l'informateur explique combien le pays ne correspond guère aux préjugés français sur les pays arabes, hérités de la colonisation française en Algérie. Il sépare arabité et islamité, en raison de la situation multiconfessionnelle du Liban, ainsi qu'en insistant sur la diversité entre les pays arabes. D'un point de vue personnel, l'ingénieur ne se sent pas menacé par les actions violentes touchant les camps de réfugiés palestiniens du Sud Liban ou de Beyrouth. S'il n'envisage pas de partir avant la fin de sa mutation, dans deux ou trois ans, il n'est pas opposé à d'autres séjours à l'étranger, si cela sert l'avancée de sa carrière.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
relation intercommunautaire
communauté libanaise
intégration culturelle
rapport au travail
relation religieux-politique
commerce
ingénieur
Groupe Rhône-Poulenc

Date :
1975-01

Format :
1 bde
1h 12min

Langue :
français
fre

Couverture :
Beyrouth
N33°53'20''
E35°29'39''

Droits :
Contrat signé avec la dépositaire. Recherche des ayants droit en cours.
Consultable sur autorisation

Relation(s) :
Les français au Liban depuis 1945, une minorité allogène

Type :
archives sonores
Sound

Source :
4363

Citation

enquêteur : Battegay, Alain, informateur : Escrib (M.), et informateur : Escrib (Mme), “Un ingénieur de l’industrie pharmaceutique Rhône-Poulenc, muté depuis 3 ans à Beyrouth (Liban), parle de ses relations avec la communauté libanaise en 1975,” Portail du patrimoine oral, consulté le 19 mars 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/121448.