Extraits d’un discours ou sermon prononcé par Saïd Cha’ban en janvier 1983

Auteur(s) :
interv. : Chaaban, Saïd (1930-1998)

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12445
mmsh12445

Type :
archives sonores
Sound

Description :
Certains mots ont été traduits approximativement et transcrits en arabe afin de rappeler qu’ils s’inscrivent dans un contexte culturel particulier.
L’enregistrement regroupe plusieurs extraits d’un discours ou “khutba” (sermon) prononcé par Cheikh Saïd Cha’ban, qui y aborde plusieurs thèmes. Tout d’abord, Cha’ban rappelle l’unité des Musulmans, malgré les différences de nationalité ou de couleur. En effet, selon lui, le croyant musulman se doit de consacrer sa vie à Dieu, de sorte que tous les Musulmans se retrouvent en Dieu. Par ailleurs, il rappelle aussi que la mésentente qui oppose les Musulmans aux autres communautés (comme les Chrétiens) n’est pas due à une inimitié personnelle ou tribale, mais bien à une divergence de dogme (‘aqida). De même, Cha’ban rejette la devise exprimée par l’hymne national libanais : “nous sommes tous pour la patrie” (kulluna lil-watan), puisque selon lui, la “patrie” n’est pas un dogme dans lequel l’on puit se retrouver. De plus, selon Cha’ban, cette prétention à rassembler les gens au sein de la patrie invite à prêter allégeance à un régime politique qui ne croit ni en Dieu ni dans le Coran. Il avance qu’il ne souhaite pas la division du Liban, mais il souhaite encore moins que le Liban divise les Musulmans. Il évoque aussi l’arrivée des “armées croisées”, américaines et françaises venues, sous prétexte de défendre le Liban, tenter d’empêcher l'expansion de l’Islam. Dans le second extrait, Cha’ban évoque des affrontements qui ont eu lieu en décembre 1982 et janvier 1983 à Tripoli entre Chrétiens et Musulmans. Il invite les jeunes de Tripoli à ne pas répondre aux provocations. En effet, selon lui, il convient en premier lieu de chercher à répandre la “vérité” (al-haqq) et un Musulman ne peut tuer un humain sans avoir d’abord essayé de le convertir à la vérité. Il dénonce par ailleurs l’organisation en partis politiques qui divise les Musulmans. Dans le troisième extrait, Cha’ban traite du sujet de la “légitimité” (char’iyya). Selon son analyse, le régime politique libanais (de même que les autres régimes arabes) s’auto-proclame “détenteur de la légitimité”. Toutefois, Cha’ban invite à refuser cette pseudo-légitimité, qui éloigne le croyant de son adoration à Dieu. Selon lui, cette prétention à la “légitimité” a provoqué les massacres de Hama et de Sabra et Chatila. Dans le quatrième extrait, Cha’ban évoque l’absence des Musulmans au sein des institutions libanaises. Il cite l’exemple de la nomination d’un directeur de l’Education, de confession maronite, à Tripoli, ville pourtant largement musulmane. Il raille le premier ministre (Chafic Wazzan) qui ne réussit pas à imposer le choix d’un fonctionnaire musulman dans une région musulmane. Selon Cha’ban, les Musulmans au Liban doivent mendier pour avoir un poste dans l’administration. Toutefois, il ne réclame pas des postes pour les Musulmans, puisque cela reviendrait à reconnaître la légitimité de “l’Etat maronite”. En effet, selon lui, c’est l’Islam qui doit régler la vie des Musulmans, et non la constitution libanaise. Le but pour Cha’ban est que les Musulmans puissent recouvrer la dignité qu’ils ont perdue en s’éloignant de leur foi. Dans le cinquième extrait, Cha’ban évoque la “conciliation” (sulh). Selon lui, cette dernière est souhaitable et nécessaire tant que la “vérité” (haqq) gouverne la vie du Musulman. Il met toutefois en garde contre la tentation de faire reposer la conciliation sur une injustice. Il cite à cet égard une tentative de conciliation sur le point de se tenir entre les habitants de Tripoli et ceux “de la montagne”, qu’il accuse d’être à l’origine des violences dont souffre la région et d’avoir expulsé les pauvres de leurs maisons. Selon lui, avant de procéder à la conciliation, il est nécessaire que ceux de la montagne présentent leurs excuses et réparent les torts qu’ils ont causés. Enfin, dans le sixième et dernier extrait, Cha’ban évoque “les hypocrites à Médine” tels qu’ils sont présentés dans la sourate al-Ahzab, établissant ainsi un parallèle avec la situation à Tripoli. En reprenant la sourate, le cheikh raconte que lors de la bataille, les “hypocrites” avaient abandonné la défense de Médine pour retourner chez eux. Selon Cha’ban, c’est dans les situations les plus pénibles que l’on peut distinguer les hypocrites des vrais Musulmans. L’enregistrement est coupé avant que Cha’ban ait pu finir son idée.

Sujet(s) :
rassemblement
parole publique
sectarisme
islamisme politique
maronite
relation religieux-politique
discours religieux
guerre civile libanaise (1975-1990)
Coran

Date :
1983-01-21

Format :
1 cass.
1h 02min

Langue :
arabe
ara

Couverture :
Liban

Droits :
Consultable sur autorisation

Relation(s) :
Regroupement d'enregistrements hétérogènes constitutifs de l'environnement de travail de Michel Seurat

Type :
archives sonores
Sound

Source :
3276

Citation

interv. : Chaaban, Saïd (1930-1998), “Extraits d’un discours ou sermon prononcé par Saïd Cha’ban en janvier 1983,” Portail du patrimoine oral, consulté le 20 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/121401.