Le mode alimentaire de la femme après son accouchement et celui de son enfant dans l'Ahaggar

Auteur(s) :
enquêteur : Gast, Marceau
informateur : Inconnu
informateur : Ag El Kherrez, El Mahdi
informateur : Ag El Kherrez, Ténata

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=10419
mmsh10419

Type :
archives sonores
sound

Description :
La discussion est animée, en arabe dialectal et en tamahaq, entre Gast, Mahdi, Bouâamama, se fait en présence de la femme de Mahdi et d'une autre femme qui s'expriment beaucoup en tamahaq. La tamahaq domine avec les deux informatrices.
Les sujets abordés dans l'enquête portent principalement sur le mode alimentaire réservé à l'accouchée et aux bébés dans l'Ahaggar. La période d'allaitement dure généralement deux ans, parfois moins selon les cas. L'accouchée allaite son enfant autant de fois qu'il le désire dans la journée. Elle mange tous les jours des plats préparés (couscous à gros grains tikhammazin) avec de la viande, boit du lait, du café, le zembo (farine verte d'orge ou de blé humectée d'eau), une bouillie claire (alioua) et du beurre frais. L'accouchée ne doit pas boire d'eau froide, de lait aigre (l'ben) ni manger de la bouillie de mil de l'Ahaggar (esink). Elle ne doit consommer que les plats chauds (couscous à gros grains) et la viande de mouflon. Si la femme ressent des douleurs, durant les premiers sept jours, le nombril (tboutbout, en tamahaq) de son bébé ne se cicatrice pas. Dans ce cas, pour protéger la femme, la période de convalescence est prolongée d'une semaine et peut atteindre parfois quarante jours. Durant cette période, l'accouchée peut sortir de chez elle, rendre visite à sa famille contrairement à son enfant qui reste à l'abri des regards des autres et des maladies. Les bébés commencent progressivement à manger à l'âge de 8 mois mais les avis, sur ce sujet, diffèrent entre les informateurs. L'informatrice évoque les Kel Iseqqemâren et Kel Tazolet qui nourrissent leurs bébés, par petites quantités, d'un mélange de dattes pillées et de beurre blanc (tarkit). Lorsque l'enfant commence à marcher, on lui réserve, dans un petit pot en bois (akous), de la tighouaw tan timzin (grains mûrs rôtis, entiers ou broyés) et des dattes comme provisions pour la journée. Mahdi explique que, pour faire oublier le lait maternel à l'enfant, la mère prépare une petite galette, de farine de mil, de blé ou d'orge, qu'elle donne à un taleb, faiseur d'amulette (hdjab). L'enfant mange un bout de cette galette et garde le reste pour jouer. Dans l'Ahaggar, le garçon mange avec son père et la fille avec sa mère. Dans le cas ou la nourriture est insuffisante, toute la famille se réunit autour d'un seul plat en bois (tagherbit) pour partager le repas. Mahdi et sa femme évoquent deux boissons qui servent de remèdes pour l'accouchée. La première est appelée érélé n'tagouk n'teiné. Elle est composée d'un mélange de poudre de trois plantes bouillies dans l'eau (Artemisia campestris ssp. glutinosa tagouk, Pituranthos scoparius tattait et Lepidium sativum mararouf) et de dattes pillées. La seconde préparation est composée de clous de girofle (anghorfelen en tamahaq), de feuilles de myrte (Myrtus nivellei, rihane, prononcé rikhane), de Cymbopogon schoenanthus teberimt) et de feuilles non déterminées appelées Ihemhad ou manina. Ce mélange de différents ingrédients est longuement bouilli, durant une journée entière, dans une petite théière. Certaines plantes sont déconseillées pour l'accouchée comme la Sclenostemma argel Aghallachem et Artémisia judaica Téhraggalé. Les deux informateurs, avec la participation de Marceau Gast, évoquent ensemble les vertus de certaines épices et plantes utilisées dans la cuisine (le poivre noir felfel hindi en arabe et chitta oua issatafan, la cannelle qarfa en arabe, el bzar, le gingembre musc jbir en arabe, le lichen lehiet echchikh en arabe, amar, Traganum nudatum teghahit et les feuilles de myrte rihane. Le poivre rouge est très peu utilisé dans l'Ahaggar. Les femmes touarègues utilisent des feuilles d'une plante à parfum appelée Traganum nudatum ou Ihemhad en tamahaq pour soigner leurs cheveux. A la fin de l'enquête, l'informatrice renseigne sur quelques traditions pratiquées durant les différentes fêtes religieuses dans l'Ahaggar. L'Aid el fitr (amoud ouan tasesé) dure une seule journée. Le premier jour de l'Aid el eddhia (amoud ouan tafaské), qui dure 3 jours dans l'Ahaggar, la fille offre à son père un plat préparé ou des provisions (gasaâ n'sib selon M. Gast). Les convives partagent un repas avec de la viande et une boisson à base de farine de mil et dattes appelée érélé ouan teiné. Le deuxième jour appelé ahal ouan akalas, les gens préparent un couscous avec de la viande. Le même plat est préparé aussi durant l'âchoura (élén) et durant le jour du mouloud, appelé ahal ouan issém, des repas sont distribués entre les familles. Une autre informatrice, Tenata, la femme de Mahdi Ag El Kherrez, évoque, en tamahaq et en arabe dialectal, sur les bienfaits d'une préparation à base de certaines épices (coriandre kosbor, fenugrec ibadliouen), substances (la manne du dattier tament tan tazait, le mastic el mestoukat ), plante (rihane, tafeltast) et aliment (lait) que la mère donne au nouveau né, en petites quantités, durant deux ou trois jours, selon chaque femme, en attendant la montée de son lait. Pendant l'enregistrement, on entend les pleurs et le bruit d'enfants de l'informatrice (Khadidja, Ahmadou et El Khousseini) et un échange de salutations, en tamahaq, entre les informateurs et un homme de passage.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
allaitement
enfant
mère
grossesse
alimentation de la mère
lait maternel
genre sexuel
colostrum
Touareg
Iseqqemâren
fête de l'Aïd El Kebir
deuxième jour de l'Aïd

Date :
1964-12

Format :
1 bde
48min

Langue :
tamahaq
arabe dialectal
tmh

Couverture :
Idélès
23.82364
5.93306

Droits :
Contrat de dépôt et de diffusion signé avec Marceau Gast, le 19 décembre 2005, spécifiant les droits de conservation, d'archivage et de diffusion.
Consultation en ligne et réutilisation sur autorisation

Relation(s) :
Enquêtes orales dans l'Ahaggar

Type :
archives sonores
sound

Source :
4225

Citation

enquêteur : Gast, Marceau et al., “Le mode alimentaire de la femme après son accouchement et celui de son enfant dans l'Ahaggar,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/120967.