Un couple universitaire de Français expose sa vision de la place et du rôle de la langue française au Liban en 1975

Auteur(s) :
enquêteur : Métral, Françoise
informateur : Bourget, Chantal

Editeur :
Phonothèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12129
mmsh12129

Type :
archives sonores
Sound

Description :
Les informateurs forment un couple depuis 1973 ; ils se sont mariés à Beyrouth. L’homme est agrégé de géographie, installé au Liban depuis 1968, année où il a pris le poste de directeur adjoint de l’Institut de géographie de Beyrouth, rattaché à l’université de Lyon. Auparavant, il était assistant dans cette même université et ne connaissait pas du tout le Moyen-Orient. Ayant le désir d’élargir son domaine de compétences en géographie, il a réagi très favorablement lorsque le poste au Liban lui a été proposé. Son épouse, quant à elle, a connu le pays et son futur mari dans le cadre de vacances en 1971. Ses études d’allemand l‘avait conduite à Berlin où elle menait un troisième cycle et où elle avait un poste d’assistante de français dans un lycée. Elle a rejoint son futur époux en 1972. Au sujet de leur adaptation, l’informateur explique que pour sa part, s’il a reçu un accueil très chaleureux de la part de ses collègues, il n’en reste pas moins qu’il a trouvé la situation déroutante au début ; en effet, de nouvelles responsabilités l’attendaient, la vie beyrouthine constituait un grand changement. Au sein de l’institut, il a pu compter sur l’aide sans faille de son prédécesseur qui l’a guidé pour sa prise de poste. La tâche était conséquente car il lui fallait adapter les programmes à la réalité étudiante libanaise. Depuis, l’informateur a été titularisé et nommé directeur de l’institut. Son épouse, elle, a dû demander un congé de convenance personnelle pour s’installer à Beyrouth et elle fait des traductions pour l’institut Goethe, donne des cours de français à des Libanais. Elle aussi, avoue avoir été déconcertée par la ville si différente de Berlin. Leur vie quotidienne est rythmée par leur travail et leurs sorties, leurs voyages avec des amis libanais et des couples franco-libanais. Au début de son séjour, l’homme fréquentait les soirées mondaines mais elles ont fini par lui être pesantes ; il avoue toutefois qu’il y a beaucoup appris sur les événements politiques et le pays en discutant avec les Français installés depuis longtemps et les Libanais. Leur cercle de relations au moment de l’entretien est constitué surtout d’enseignants de l’Université libanaise ou de l’Ecole supérieure des lettres. S’ils ne fréquentent pas d’associations de Français, ils vont de temps en temps au DTL, le club de tennis, qui accepte des Français et des Libanais surtout issus d’un milieu riche. L’épouse note qu’il s’agit d’un club très fermé où elle ne trouve personne avec qui elle pourrait envisager une amitié. La communauté française lui semble, par ailleurs, extrêmement cloisonnée, formée de castes. Leur souhait est de connaître le pays et de fréquenter la population libanaise, et selon l’informateur, Beyrouth est une ville qui permet d’avoir des contacts avec des personnes d’univers très divers. A ce propos, son épouse note que s’ils fréquentent des Libanais, ce sont des chrétiens en majorité et regrettent cet état de fait. Au sujet de son enseignement, l’informateur dit se sentir beaucoup plus à l’aise avec les étudiants de l’Université libanaise que ceux de l’Ecole supérieure des lettres qui sont, d’après lui, plus guindés et avec lesquels il ne se permet pas de plaisanter. L’entretien se poursuit sur la place de la langue française dans le pays et notamment dans les établissements universitaires. L’homme remarque que l’arabisation y progresse et cette tendance témoigne d’une lutte politique contre l’usage du français. Il explique que les musulmans considèrent que la langue française a privilégié les chrétiens socialement et qu’elle est une manifestation d’un néo-colionalisme. Ils reconnaissent toutefois qu’il y a certains avantages à maîtriser la langue française comme, par exemple, la possibilité de faire un troisième cycle en France. D’après l’informateur, l’utilisation du français favorise la promotion sociale car la langue véhicule une culture, une francisation qui est un outil d’ascension sociale. L’anglais, en revanche, n’implique pas une prise de position culturelle et sa place au Liban ne crée pas les mêmes enjeux politiques. Au sujet de la politique culturelle de la France, il se profile une orientation de l’enseignement du français comme langue seconde. Si l’informateur est conscient de la nécessité d’évolution de l’enseignement traditionnel, il n’en demeure pas moins que la diffusion d’une certaine culture est, pour lui, importante.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
communauté libanaise
communauté française
intégration culturelle
relation intercommunautaire
francophonie
arabisation
politique culturelle
apprentissage de la langue
École Supérieure des Lettres de Beyrouth
Université Libanaise
Institut de géographie de Beyrouth
Mandat français sur la Syrie et le Liban

Date :
1975

Format :
1 bde
2 h 12 min

Langue :
français
fre

Couverture :
Beyrouth
N33°53'20''
E35°29'39''

Droits :
Contrat signé avec la dépositaire. Recherche des ayants droit en cours.
Consultable sur autorisation

Relation(s) :
Les français au Liban depuis 1945, une minorité allogène

Type :
archives sonores
Sound

Source :
4393

Citation

enquêteur : Métral, Françoise et informateur : Bourget, Chantal, “Un couple universitaire de Français expose sa vision de la place et du rôle de la langue française au Liban en 1975,” Portail du patrimoine oral, consulté le 16 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/120292.