Un prêtre dominicain, étudiant à l’Institut de Lettres Orientales (ILO) à Beyrouth et enseignant en psychologie et catéchèse fait le récit de son expérience de 1969 à 1975 sous l’angle de sa spiritualité et de sa passion pour les études arabes
Auteur(s) :
enquêteur : Métral, Jean
informateur : Gilliot, Claude
Editeur :
Phonothèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme
Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12164
mmsh12164
Type :
archives sonores
Sound
Description :
Titulaire d’une licence d’allemand à l’université de Lille, l’informateur fait son noviciat et un an de philosophie au studium chez les dominicains. Dans le cadre de son service militaire, il part pour l’Algérie après l’indépendance du pays et il enseigne l’allemand dans le cadre de la coopération, à Constantine. Il retourne ensuite chez les dominicains où il étudie la philosophie et la théologie et il y obtient l’examen de lectorat qui lui donne le droit d’enseigner cette matière dans une maison dominicaine. L’informateur arrive à Beyrouth en 1969. Son arrivée au Liban est déterminée par son intérêt pour la langue arabe depuis son séjour en Algérie et par l’enseignement de bonne qualité qui est, selon lui, prodigué à Beyrouth à l’Institut de Lettres Orientales (ILO) où il obtient une licence d’arabe. Il y voit aussi une activité sacerdotale qui lui semble possible. Ses premières impressions de Beyrouth sont positives car il y apprécie le côté occidental, technique et ne sent pas complètement dépaysé. Cependant il s’y sent vite mal à l’aise car il s’aperçoit que le Liban est un monde” disloqué”, tiraillé entre un cadre arabe géographique et un occidentalisme prégnant. De plus, il se heurte à une église très traditionnelle dont il se rend compte qu’elle retarde les évolutions sociales. Il a d’ailleurs des ennuis avec les autorités religieuses qui l’accusent de “communisme”, de “progressisme”. Il souligne qu’il veut comprendre la société musulmane, qu’il est attaché au monde arabe et il décide de faire une année d’anthropologie en 1974 afin de mieux les comprendre. C’est ainsi qu’il trouve une voie fécondante car il peut exprimer sa foi chrétienne et aussi développer son intérêt pour l’Islam. L’informateur enseigne la psychologie à l’école de formation des jardinières d’enfants et la catéchèse au lycée Sioufi. Concernant ces deux expériences, il dit qu’il réprouve le cadre de la catéchèse mais qu’il considère y faire un bon travail en développant l’esprit critique. Il regrette cependant que l’enseignement sérieux, prodigué à l’école de jardinières soit fait en langue française, car les élèves auront au cours de leur carrière des contacts avec des arabophones. Lorsque l’informateur rentre en France, il s’avoue surpris par ses compatriotes qu’il trouve très peu curieux du reste du monde. Son point de vue sur l’Eglise en France l’amène à une comparaison avec l’Eglise allemande qu’il trouve plus intellectuelle et vectrice de travaux sérieux. L’avenir du catholicisme au Liban est une question cruciale car il y a selon lui deux courants en tension l’un avec l’autre : un premier (minoritaire) incarné notamment par Grégoire Haddad qui prône une église arabe ouverte aux chrétiens des autres pays (Syrie, Egypte), ouverte au monde musulman, au dialogue et un deuxième courant qui rassemble les croyants et les titulaires d’une carte d’identité chrétienne, plutôt en opposition avec le monde arabe et musulman. L’Islam selon lui est en train de changer avec l’existence d’un courant détaché du dogmatisme. A propos de la communauté française du Liban, il constate que le personnel travaillant dans les institutions françaises est peu ouvert au pays dans lequel il vit. Sa connaissance et pratique en tant qu’étudiant à l’Ecole Supérieure des Lettres (ESL) où il obtient une licence de sociologie et à l’ILO, le conduisent à établir une différence entre les deux écoles. L’ESL, selon lui, est restée fermée sur elle-même, se contentant de transporter l’enseignement français au lieu de l’adapter aux réalités du pays; Il pense que L’ILO manifeste plus d’ouverture envers les autres institutions du pays. Au sujet de la question de l’impérialisme culturel soulevée par l’enquêteur, il répond qu’elle est justifiée dans le sens où les étrangers arrivent dans le pays en position de force. Une posture productive serait qu’il y ait une interpellation intellectuelle et mutuelle entre Arabes et Français, posture difficile à adopter car chaque communauté est retranchée dans des comportements hérités du colonialisme. L’avenir de la culture française pourrait être considéré sous un angle politique, selon lui, car elle pourrait jouer un rôle de dialogue avec les pays arabes qui sont en pleine évolution. En ce qui concerne le Liban, son point de vue est que la culture française se délite car la langue reste bloquée dans un apprentissage traditionnel qui ne favorise pas sa diffusion, son rayonnement et l’anglais semble dominer de plus en plus en raison de son utilisation commerciale et technique. L’informateur compte rester encore deux ans au Liban pour y faire sa thèse et ensuite, si une offre en France correspondant à ses qualifications en arabe et islamologie, se présente, il compte rentrer.
Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
communauté française
domination culturelle
dominicains
arabisant
chiisme
sunnisme
relation chrétien-musulman
identité religieuse
échanges inter-religion
carrière professionnelle
transmission de la religion
apprentissage de la langue
principes et méthodes pédagogiques
passion du métier
Institut de Lettres Orientales
École Supérieure des Lettres de Beyrouth
Date :
1975
Format :
1 bde
2h 12min
Langue :
français
fre
Couverture :
Beyrouth
N33°53'20''
E35°29'39''
Droits :
Contrat signé avec la dépositaire. Recherche des ayants droit en cours.
Consultable sur autorisation
Relation(s) :
Les français au Liban depuis 1945, une minorité allogène
Type :
archives sonores
Sound
Source :
4407