Témoignage d'une ancienne opératrice à l'entreprise Rivoire et Carret et Nestlé à Marseille, dans les années 2000, à propos de son travail intérimaire

Auteur(s) :
commanditaire : AD 13
auteur personne morale : Paroles Vives
enquêteur : Maniaval, Elodie
informateur : 1412

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12087
mmsh12087

Type :
archives sonores
Sound

Description :
L'informatrice est âgée de 40 ans, née à Marseille, à la Millière, elle vit aujourd'hui à la Rouguière. Elle a travaillé dans plusieurs entreprises de la vallée de l'Huveaune en intérim des années 2000 à 2006. La première mission qu'elle a effectuée s'est faite au moment où les femmes ont été autorisées à travailler la nuit, au début des années 2000. Elle a donc commencé par travailler de nuit chez Rivoire et Carret/Lustucru. Elle explique qu'elles étaient seulement 12 femmes à faire ce travail et détaille ses horaires de travail. Elle y est restée pendant 5 ans (1 min). L'informatrice décrit ensuite son poste de manutentionnaire à l'emballage et comment s'est déroulée son entrée dans l'usine. Elle raconte les étapes de la chaîne de conditionnement et le travail à fournir lorsque les pâtes arrivaient après l'emballage, pour la mise en carton. Il y avait alors un quota à respecter pour remplir les cartons (3 min). Elle aborde les avantages et les inconvénients du travail intérimaire et parle ensuite de la bonne ambiance qu'elle a connue dans son travail, malgré l'univers très masculin (5 min). Ayant été amenée à travailler aussi de jour, elle compare les deux ambiances. Pour elle, cela n'a rien à voir, elle qualifie l'ambiance de jour de froide, avec davantage de pression pour la rentabilité. Elle avait le sentiment d'être épiée, tandis que la nuit, une relation de confiance réciproque s'était construite (9 min). L'informatrice explique qu'elle a appris sur le tas, par sa volonté de travailler. En se montrant compétente, son chef de quart lui a ensuite donné la responsabilité de former les nouveaux intérimaires (11 min, 18 min). Elle raconte aussi qu'elle doit sa force de caractère au milieu de l'usine, qu'elle qualifie de « macho », et contre lequel elle a dû se battre. Être efficace est également une compétence importante dans ce métier, elle décrit alors la manière particulière qu'il existe pour disposer les paquets de pâtes dans les cartons (13 min). L'informatrice aborde ensuite le poste qu'elle a occupé aux spaghettis, au conditionnement (15 min). Elle témoigne de l'évolution des machines avec l'arrivée de la cartonneuse et explique que, selon elle, les perfectionnements des machines n'ont pas apporté de réelles améliorations (17 min, 22 min). Elle relate la compétitivité qui pouvait exister entre les différents quarts pour faire le maximum de palettes ainsi que de la valorisation faite par la direction quand la productivité était bonne (19 min). Elle revient sur le travail en intérim et les possibilités de titularisation qui s'offraient à elle juste avant la fermeture de l'usine. La grève est alors évoquée, la difficulté du statut d'intérimaire dans ce contexte l'a amenée à trouver un travail ailleurs, tout en restant solidaire, mais malgré ce statut, elle se sentait appartenir à l'entreprise (24 min). Elle parle des conditions et de la pénibilité au travail, avec le bruit notamment. L'informatrice fait alors le lien avec l'usine Nestlé, où elle a également travaillé en intérim, pour évoquer la dureté à travailler assise (28 min). Elle aborde ainsi les postes successifs qu'elle a occupés après Rivoire et Carret, pour en venir à détailler son travail à l'usine Nestlé, toujours au conditionnement. Dans un premier temps, son poste consistait à déballer le chocolat dont l'emballage n'était pas conforme. Ensuite, elle a occupé un poste où elle devait remplir les boîtes de chocolats, puis un dernier où elle emballait les Maltesers (30 min). L'informatrice explique que ce travail différait de celui de Rivoire et Carret car, même si elle travaillait dans le conditionnement, la matière n'était pas la même, il fallait donc s'adapter. Elle compare l'ambiance de travail avec Rivoire et Carret qui n'avait rien à voir, elle a d'ailleurs mal vécu ce changement (34 min). Elle parle ensuite de la valeur du travail qui est importante pour elle, du perfectionnement qu'elle a pu acquérir par ses années d'intérim (37 min). La sensibilité avec la matière qui est produite est ensuite questionnée. Elle dit s'être dégoutée du chocolat et, à un moment donné, des pâtes, car travailler dans l'agroalimentaire lui a donné une autre vision du produit (39 min). Les liens avec les différents secteurs sont ensuite discutés tant chez Nestlé que Rivoire et Carret (41 min). L'informatrice parle ensuite de son expérience chez Heineken qui n’a duré qu’une semaine car elle n'a pas voulu y rester pour différentes raisons qu'elle expose (46 min). Les employés qui travaillaient chez Heineken étaient principalement des habitants de la Valentine, alors que pour Nestlé, les employés étaient plutôt de la Barasse, et pour Rivoire et Carret, de la Pomme, la Valbarelle et la Rouguière. Une grande partie des employés était également issue de l'immigration, elle parle alors des différentes origines des employés de Rivoire et Carret avec qui elle a travaillé, elle témoigne d'une grande mixité comparé à Nestlé où les communautés restaient ensemble (48 min). L'entretien s'oriente ensuite sur la vente de Nestlé à Net Cacao, l'informatrice a alors connu les périodes de grève et relate son engagement pour la sauvegarde des usines de la vallée de l'Huveaune qui commençaient à fermer les unes après les autres. Désormais, elle témoigne de la difficulté à trouver du travail dans les environs, à la différence d'il y a dix ans (54 min). L'informatrice relate ensuite son expérience à l'usine Pébéo à Aubagne, où elle a travaillé durant quinze jours en intérim (1 h 01 min). Pour finir, elle parle du savoir-faire de l'employé qui l'a marquée dans les différents postes qu'elle a occupés. Elle s'exprime aussi sur la déception qu'elle a pu avoir concernant les rapports de hiérarchie entre la direction et les employés et donne sa vision du patronat (1 h 04 min). Pour finir, elle parle de l'attachement qu'elle a pour l'entreprise Rivoire et Carret et explique qu'elle aurait voulu évoluer dans son poste et avait demandé une formation de machiniste avant la fermeture. L'informatrice raconte ensuite une anecdote pour attester de la solidarité et de l'esprit familial qu'il y avait dans l'usine (1 h 08 min).

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
condition de travail
progrès
relation de travail
relation maître-serviteur
transmission d'un savoir
transmission d'entreprise
apprentissage
évolution du métier
solidarité ouvrière
grève
attachement au travail
travail précaire
travail en usine
division sexuelle du travail
années 2000

Date :
2015-11-17

Format :
1 carte SD, 44khz/16bits
1h 12min

Langue :
français
fre

Couverture :
Marseille

Droits :
Signature d'un contrat avec l'informateur et d'une convention entre les AD13, Paroles Vives, et la MMSH spécifiant les droits d'utilisation pour tous les partis.
Consultation en ligne et réutilisation sur autorisation

Relation(s) :
Une histoire sociale du territoire à travers les mémoires orales des industries à Marseille

Type :
archives sonores
Sound

Source :
5153

Citation

commanditaire : AD 13 et al., “Témoignage d'une ancienne opératrice à l'entreprise Rivoire et Carret et Nestlé à Marseille, dans les années 2000, à propos de son travail intérimaire,” Portail du patrimoine oral, consulté le 25 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/119984.