Stelios Chrisafidis, réfugié de la deuxième génération fait le récit de vie de ses parents qui ont vécu les évènements de la catastrophe de l’Asie-Mineure

Auteur(s) :
enquêteur : Kalouta, Margarita
informateur : Chrisafidis, Stelios

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=10919
mmsh10919

Type :
archives sonores
sound

Description :
Les noms des lieux sont parfois donnés en langue turque.
Stelios Chrisafidis est un marin, réfugié de la deuxième génération. Il se souvient des récits de ses parents qui, lors de la catastrophe de 1922, ont perdu leurs conjoints mutuels et se sont rencontrés. Son père, Pavlos Chrisafidis, né vers 1888, vivait à Eskişehir en Turquie centrale où il était cordonnier et avait deux filles. La mère de Stelios, née en 1904 était, elle, originaire de Permata, un village à 5 kilomètres d’Eskişehir. Elle ne parlait que le turc, mais connaissait par cœur des prières et des chants en grec, tandis que ses deux sœurs, Domna et Frosyn, elles aussi mariées, parlaient le grec. D’après Stelios, à cette époque les rapports avec les turcs étaient bons malgré la barrière de la religion. En 1922, les seuls rescapés sont sa mère, ses grands-parents, ses tantes et leurs enfants, ainsi des parents du premier mari de sa mère qui avait été tué au début des évènements de 1922. Les deux familles qui avaient abandonné leur maison arrivèrent toutes les deux dans un port qui pourrait être Antalya d’après Stelios. Embarqués sur un bateau français, ils accostèrent sur l'île de Corfou. D’après l’histoire familiale, à leur arrivée, son grand-père maternel est mort d'émotion de se trouver sur la terre grecque. Les deux familles, désormais liées par cette catastrophe, ont été emmenées dans plusieurs lieux : d'abord un camp temporaire à l'intérieur d’une école, puis dans un autre camp à Athènes dans le quartier de Drapetsona au Pirée. Là, très vite, celui qui allait devenir le père de Stelios, Pavlos s’est lié avec d’autres tanneurs et cordonniers grâce auxquels il a trouvé du travail. En 1925 il s’est marié avec la mère de Stelios. L’année suivant il a décidé de créer sa propre affaire à Syros, sans que Stelios sache vraiment pourquoi ce choix a été fait : peut-être parce que l’île était en voie de développement, ou parce qu’il avait des collègues pour l’aider. Ils sont donc partis à Syros et se sont installés à Psariana, un quartier au dessus de Kimisi. Le frère de Pavlos, Kostas, est venu avec eux et il a ouvert le premier magasin de limonade. Au début certains habitants se moquaient des réfugiés à cause de leur accent étrange et de leur confusion entre le grec et le turc. En l’espace d’un an, Pavlos est devenu associé d’une grande tannerie puis il a ouvert son atelier où jusqu’à 40 ouvriers ont travaillé jusqu’en 1970. Il est devenu propriétaire d’une grande maison et a eu six enfants dont trois sont morts. Evangelos, Stelios et Maria ont vécu dans une famille profondément patriarcale. Il se souvient par exemple qu’avant le repas ils priaient d’abord et le père devait goûter en premier la meilleure part avant que les autres convives ne se servent. Sa mère parlait peu, elle se dévouait à la famille faisant la couture, le ménage, aidant son mari à l’atelier tout en s’occupant des enfants. Leur maison était pleine de tapis, de rideaux et de tissus multicolores. Sa mère cuisinait des spécialités turques avec beaucoup d’épices et quand elle racontait l’histoire de son pays d’origine, elle était trop émue pour les terminer. Leur père Pavlos chantait des amanedes (que Stelios décrit comme des chants musulmans avec l’exclamation et la répétition du terme “aman”), il jouait d’oud et avait de bons rapports avec la population de Syros. Il était partisan de Venizelos et plus particulièrement de Plastiras. Stelios compare les réfugiés à des figures tragiques. D’après lui, pour les grecs d’Asie-Mineure, la Grèce était dans tous les esprits et dans leurs cœur mais jamais ils n’auraient pu imaginer qu’ils la découvriraient de la pire manière. La mère de Stelios essayait de comprendre pourquoi ses enfants étaient morts de manière si précoce. Elle y pensait sans cesse et un jour la Vierge lui est apparue dans son sommeil. Elle lui a conseillé de baptiser ses enfants du nom de leurs grands-parents et de leur donner le sein. Elle a toujours pensé que ses trois derniers enfants, Evangelos, Stelios et Maria ont vécu en bonne santé car elle a suivi les conseils de la Vierge.

Sujet(s) :
enquête
récit de vie
abandon de terre
communauté grecque
réfugié
relation intercommunautaire
expatriation
souvenir du pays d'origine
destin de femme
christianisme orthodoxe
travail des femmes
genre sexuel
cordonnier
tannerie
passéisme
identité culturelle
cuisine
observance religieuse
musique de fête
Vierge Marie
Venizélos, Elefthérios (1864-1936)
Incendie de Smyrne
1922

Date :
2001-01-28

Format :
1 cass.
1h

Langue :
grec
gre

Couverture :
Ermoúpoli
37.44227
24.94248

Droits :
Contrat d'autorisation d'utilisation et de diffusion signé entre l'informateur et les archives historiques des Cyclades en juillet 2013.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Relation(s) :
Réfugiés d'Asie-Mineure sur l'île de Syros en 1922

Type :
archives sonores
sound

Source :
4458

Citation

enquêteur : Kalouta, Margarita et informateur : Chrisafidis, Stelios, “Stelios Chrisafidis, réfugié de la deuxième génération fait le récit de vie de ses parents qui ont vécu les évènements de la catastrophe de l’Asie-Mineure,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/118365.