Un ancien patron pêcheur du Brusc raconte, en langue provençale, son travail et l'évolution des techniques de pêches depuis les années 1910 aux années 1970

Auteur(s) :
enquêteur : Brémondy, Henri-Paul
informateur : Delgrossi, Louis

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=9529
mmsh9529

Type :
archives sonores
sound

Description :
Plusieurs termes techniques en langue provençale sont employés et expliqués : aubijado, aubijaïro, arret, doúfignado, sardignau, batudo, batudons, bouguière (filet de forme particulière qui permettait de prendre les bogues ; a déjà disparu au moment de l'entretien avec l'informateur), bragin, embornier, gàngui, ginouvès (matelots génois qui venaient travailler au Brusc avant 1914), issaugo, lamparo, mujouliero, palangré, tounaïre, rame des signaux (longue tige de palme qui permet de montrer le signal de nuit), tartanoun.
Tout jeune mousse, l'informateur avait peur de son oncle avec qui il travaillait et des histoires inquiétantes qui circulaient. Par exemple, sur l'île du Rouveau les pêcheurs faisaient croire aux mousses qu'un homme dont la photographie était laissée dans une niche de l'île viendrait les prendre s'il faisaient des bêtises. Ou alors à La-Fosse, c'étaient les feux follets qui les prendraient. Il y a d'autres croyances, sur les palmes par exemples qui tenaient les signaux mais à celles-ci il n'y croyait pas. Certains pêcheurs évoquaient le saint au moment de lancer leurs filets mais lui-même était au parti radical, contre l'Eglise. Il signale rapidement la procession de Saint-Pierre à la mer et ses relations avec les prêtres. Au cours de l'entretien il évoque plusieurs personnages marquants de la pêche du Brusc et il raconte des anecdotes de pêche avec ses co-équipiers, par tous les temps. Il n'y avait pas spécialement d'occasion de chanter mais il se souvient d'une chanson sur le Brusc qui a pour titre "Sur le beau rivage du Brusc" que des pêcheurs aimaient bien chanter lors de "concours de chansonettes". Il parle de ceux qui connaissaient particulièrement bien la mer et les techniques de pêche, et les blagues des pêcheurs, pas toujours très scrupuleuses de leurs collègues, comme enlever les rames des signaux de nuit. Jusqu'à l'arrivée des moteurs sur les bateaux, les pêcheurs mettaient des clochettes sur des rames pour repérer les filets qu'il fallait tirer la nuit. Elles étaient fabriquées avec ce qui tombait sous la main mais les boîtes de poudre à fard étaient excellentes pour ça, elles faisaient beaucoup de bruit et s'entendaient de lui. A plusieurs reprises, il reprend des moments de son enfance et de sa jeunesse. Pendant la première guerre mondiale, il entre dans la Marine et à partir de 1919 il travaille sur le "Sarah Turger" comme second maître chef de bord. Pendant quatre ans, il fait alors le trajet Oran-Alger, Bonne-Philippeville puis le Maroc espagnol. Il revient au Brusc à l'appel de son frère pour s'occuper de sa mère malade. Une fois patron pêcheur, il est resté une vingtaine d'année premier prud'humme. Avant 1914 il y avait alors 37 patrons pêcheurs au Brusc. Les matelots, plus nombreux, étaient génois ou napolitains. A ce moment là un pêcheur travaillait le double de maintenant. Avant que les poissonneries s'installent au Brusc, il fallait que les pêcheurs livrent leur pêche avant 7 heure du matin aux camions qui partaient pour Toulon. Ils étaient donc obligés de souper à bord et d'y dormir. A cette époque, les pêcheurs faisaient l'aubijado, c'est à dire qu'ils passaient là où se trouvaient les trous à poulpes pour les prendre et en faire des esques. pour les emborniers Ils se faisaient souvent aider par leurs enfants. Il cite et décrit les filets utilisés alors aujourd'hui abandonnés. Les filets étaient souvent abîmés par les autres bateaux. Ils se déchiraient (timonades) et il faut passer beaucoup de temps aux réparation. Les femmes faisaient beaucoup de ramendage (noeuds des filets), certains hommes le pratiquaient aussi. Il décrit avec précision le travail sur les filets et cite les filets qui ne sont plus utilisés. Le travail s'est simplifié au fil du temps et aujourd'hui par exemple il n'est plus nécessaire de laver les filets. Il se souvient du temps où lorsqu'il récupérait un dauphin dans une doúfignado, la Marine lui donnait 5 francs. Il est très étonné que désormais cette espèce soit protégée car les dauphins font beaucoup de mal aux filets de pêche et aux pêcheurs.

Sujet(s) :
enquête
récit de vie
témoignage thématique
poissonnerie
travail des enfants
travail des femmes
filet de pêche
récit de peur
petits métiers de la pêche
messe
prud'homie
lamparo
palangre
dauphin (animal)
thonnaille
surnom
Ricard, Paul
Marine nationale française
Parti Radical
Sarah Turger
guerre de 1914-1918

Date :
1978-07-22

Format :
60min
2 cass.
1h 40min

Langue :
provençal

Couverture :
Le-Brusc
43° 4'27.85''N
5°48'11.83''E

Droits :
Contrat d'utilisation signé entre les ayant-droits de l'enquêteur et de l'informateur spécifiant les droits de conservation, d'archivage et de diffusion.
Consultation en ligne et réutilisation sur autorisation

Relation(s) :
La pêche traditionnelle varoise dans les années 1970

Type :
archives sonores
sound

Source :
3416

Citation

enquêteur : Brémondy, Henri-Paul et informateur : Delgrossi, Louis, “Un ancien patron pêcheur du Brusc raconte, en langue provençale, son travail et l'évolution des techniques de pêches depuis les années 1910 aux années 1970,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/116911.