Entretien par Michel Seurat auprès de Sami al-Jundi à propos du coup d’Etat du 8 mars 1958 et de ses relations avec le nassérisme et le parti Baas

Auteur(s) :
enquêteur : Seurat, Michel (1947-1986)
informateur : al-Jundi, Sami (1921-1995)

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12294
mmsh12294

Type :
archives sonores
Sound

Description :
Michel Seurat s’entretient avec Sami al-Jundi à propos du coup d’Etat du 8 mars 1963. Selon Jundi, ce coup d’Etat n’avait pas été prévu par un programme particulier, il s’agissait plutôt de plusieurs tendances qui s’étaient alliées contre le régime syrien “séparatiste” de l’époque. Ce coup d’Etat s’inscrivait dans un contexte de conflit entre les Nassériens, le Baas et “les gens de Ziad al-Hariri” (qui a mené le coup d’Etat). Il raconte que, dès la semaine qui a suivi le coup d’Etat du 28 septembre (1961) qui mettait fin à l’union syro-égyptienne, lui et plusieurs autres personnes (surtout d’anciens Baasistes) ont commencé à préparer le coup d’Etat contre le régime séparatiste. A la demande de Seurat, Jundi revient sur sa relation avec le parti Baas. Il rappelle d’abord que le parti a été dissous en 1958 (lors de la mise en place de la République arabe unie), selon la volonté de Salah Eddine Bitar, et ce malgré l’opposition de Jundi, alors membre de la sous-direction du parti à Lattaquié. Il évoque la constance de son soutien à Nasser, même s’il l’a parfois critiqué. Par ailleurs, Jundi était un fervent partisan de l’unité (syro-égyptienne). Par la suite, lors de différends entre Nasser et d’anciens membres du parti, ces derniers tentent de se regrouper pour reprendre un travail politique entre eux. Jundi raconte qu’il a vécu la séparation comme “un poignard dans le dos”. Il souhaitait la remise en place du parti, à condition de travailler pour le rétablissement de l’unité sur des bases nouvelles. Il évoque l’enthousiasme de certains officiers de l’armée pour travailler à la chute du régime séparatiste, en particulier Muhammad Umran, Abd al-Karim al-Jundi, Salah Jedid et Hafez al-Assad, qui sont allés rencontrer Michel Aflaq à Beyrouth pour le convaincre de reprendre les activités politiques du parti. Selon Jundi, le groupe disposait alors à Damas d’une certaine liberté d’expression, et ce malgré le régime séparatiste. Il évoque les déclarations de Aflaq et de Bitar à l’égard de la séparation. Il cite aussi le nom de Khaled al-Azem, chez qui plusieurs figures politiques se sont réunies pour rédiger un communiqué appuyant la séparation. Selon ses dires, les officiers, présents à Damas, étaient prêts à passer à l’attaque. Pour Jundi, il était important que le parti se positionne en faveur de l’unité (syro-égyptienne). A l’époque, ils avaient réussi à établir, au sein de l’armée, une entente entre Baasistes et Nassériens, sous la direction de Jassem ‘Alwan et Muhammad Umran. Jundi raconte que, bien que prêts militairement, le groupe avait encore besoin de l’opinion de Nasser quant à l’opportunité géopolitique d’un coup d’Etat en Syrie, et qu’après que Nasser a donné son feu vert, les officiers attendaient l’instant opportun pour lancer leur coup d’Etat. Ils choisirent le moment de la dissolution du Parlement le 28 mars (1962) et décidèrent de faire le coup d’Etat le 2 avril. Cependant, Jundi raconte que Jassem Alwan les a pris de court et a déclaré le coup d’Etat le 31 mars au soir, alors qu’il se trouvait à Homs. Il raconte que cette tentative s’est soldée par un échec, comme toutes les tentatives suivantes, jusqu’à celle du 8 mars 1963 qui a réussi. Jundi revient sur les évènements qui ont précédé le coup d’Etat. Il évoque le mise en place du “Conseil national du commandement de la révolution” en avril 1962, ainsi qu’une manifestation organisée par quelques femmes membres du parti des Unionistes socialistes (dont sa femme). Jundi raconte qu’à l’issue du coup d’Etat, il est nommé à deux ministères différents. Il précise qu’à l’époque, le parti (Baas) ne disposait pas d’une organisation suffisante pour diriger les événements et qu’ils ont alors décidé de fonder une sorte de mouvement provisoire, rassemblant à la fois des Baasistes et des Nassériens, qui avait pour programme la reprise de l’unité et la lutte contre le régime séparatiste. Toutefois, il raconte que des dissensions se font vite ressentir entre les tenants des divers tendances représentées au sein de ce mouvement, et qu’il a alors décidé de s’en retirer mais qu’il est quand même resté à son poste au sein du gouvernement, avec la volonté de maintenir la ligne unitaire du régime syrien. Il évoque l’envoi d’une délégation, de Damas au Caire, au sein de laquelle il a été désigné comme porte-parole du Conseil national du commandement de la révolution. De retour à Damas, il est désigné comme premier ministre, mais face à l’insuccès de sa fonction, il décide de démissionner, puis devient ministre de l’information dans le cabinet former par Salah Eddine Bitar. Selon lui, il s’agit d’une période “très ambigüe” pour le gouvernement syrien, dont certains membres s’opposent à l’unité (syro-égyptienne). Jundi évoque la réorganisation du Conseil national de la révolution, avec la mise en place de commissions et d’une administration plus développée. Il évoque aussi la tentative de coup d’Etat nassérien le 18 juillet (1963) sous la présidence de Louaï al-Atassi. L’enregistrement s’arrête sans que l’entretien ne soit terminé.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
Panarabisme
manifestation politique
parti politique
Nasser (1918-1970)
el-Assad, Hafez (1930-2000)
Umran, Muhammad (1922-1972)
Aflaq, Michel (1912-1989)
Bitar, Salah Eddine (1912-1980)
parti Baas
Atassi, Jamal (1922-2000)
République arabe unie (1958-1961)
Coup d’Etat du 8 mars 1963 (Syrie)
journal du Parti Baas syrien

Date :
1980 (ca)

Format :
1 micro cass.
1h 02min

Langue :
français
fre

Couverture :
Liban

Droits :
Contrat signé avec la dépositaire. Recherche des ayants droit en cours.
Consultable sur autorisation

Relation(s) :
Enquêtes de terrain par Michel Seurat : enregistrements de manifestations et d’entretiens réalisés au Liban et en Syrie entre 1981 et 1985

Type :
archives sonores
Sound

Source :
3247

Citation

enquêteur : Seurat, Michel (1947-1986) et informateur : al-Jundi, Sami (1921-1995), “Entretien par Michel Seurat auprès de Sami al-Jundi à propos du coup d’Etat du 8 mars 1958 et de ses relations avec le nassérisme et le parti Baas,” Portail du patrimoine oral, consulté le 25 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/121397.