François Cochet, historien spécialiste de la mémoire des guerres et de l’expérience combattante, revient sur son parcours professionnel en évoquant ses axes de recherche, les amitiés et les débats méthodologiques ou historiographiques.

Auteur(s) :
informateur : Cochet, François
enquêteur : Granet-Abisset, Anne-Marie

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12351
mmsh12351

Type :
archives sonores
Sound

Description :
Grâce à des enseignants marquants, comme Maurice Vaïsse, François Cochet apprécie dès le secondaire l’histoire. Jusqu’en troisième, il aspire à rentrer à l’école de Saint Cyr, or, les événements de 68 et l’adolescence le rapprochent un temps du mouvement gauchiste. Plutôt littéraire, il obtient avec difficulté son bac scientifique. Après son diplôme, il est admis à la fois en pharmacie et en hypokhâgne à Reims, il se plaît en classe préparatoire et décide de poursuivre alors dans cette voie. Admissible à l’Ecole Normale Supérieure de Saint Cloud, il échoue faute de préparation aux oraux. Il envisage une carrière d’enseignant du secondaire et s’inscrit à l’institut de préparation aux enseignements de second degré et réussi sa maîtrise d’histoire à Reims, où il retrouve son professeur Maurice Vaïsse. En 1978, il obtient l’agrégation d’histoire, la même année que son stage de Capes. Envoyé en collège devant des élèves en échec scolaire dans des classes pré-professionnelles de niveau, cette expérience qu’il qualifie de « douche froide » le décide à revoir ses ambitions et envisager une thèse de troisième cycle. Les bombardements allemands de la Grande Guerre ayant rythmé les récits de son enfance, il choisit un sujet portant sur la mémoire de cette période. Intéressé aussi par le nouveau courant d’histoire orale, il aborde son étude sous la direction de Michèle Perrot avec une approche comparative des sources orales et écrites du conflit. A la suite de sa soutenance, il postule comme maître assistant, mais Jean-Jacques Becker alors rapporteur, lui fait comprendre qu’il ne sera pas qualifié. Sous les conseils de Maurice Vaïsse, il entame alors une deuxième thèse de doctorat nouveau régime en travaillant de manière plus académique, avec des matériaux traditionnels, mais en continuant les entretiens. Son étude traite cette fois du retour et de la réinsertion des rapatriés de guerre en Champagne-Ardenne après 1945, thèse qu’il soutiendra devant Jean-Jacques Becker en 1989. A 34 ans, l’historien est donc titulaire de deux thèses, et toujours agrégé du secondaire. Il a enseigné dans trois établissements, en collège et lycées techniques. Avec soulagement, il est élu en 1989 PRAG à l’Université de Reims, puis maître de conférence trois ans plus tard. En rapport à ses travaux d’études, il publie deux ouvrages pour le grand public, mais se confronte à nouveau à la critique de Becker qui lui reproche d’avoir interviewé des personnes très âgées, et selon lui peu fiables. François Cochet se lance ensuite dans une procédure d’HDR, il soutient son mémoire « Guerres et mémoires des guerres » en 1996, racontant dans son égo-histoire la difficulté à faire accepter le travail sur les sources orales parmi ses pairs. Après plusieurs candidatures, il est élu à Limoges en 2000 et continue l’étude sur les guerres mondiales. Il travaille avec le centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, où il met en place un prix d’histoire pour les étudiants. Il souhaite aussi étudier les maquis du Limousin, mais renonce voyant que la mémoire communiste est inattaquable. L’historien note que la situation s’est depuis débloquée, mais ce fût l’une des raisons pour demander sa mutation à Metz en 2002, où il a fait sa carrière depuis. Il élargit alors ses champs de recherche et travaille en binôme avec Olivier Dard sur l’histoire politique et militaire. Parmi ses étudiants, il suit aussi plusieurs élèves officiers. A la Maison des Sciences de l’Homme de Lorraine, il dirige le programme pluridisciplinaire EXEPECOM (« Expérience et culture du combat, mémoire des combattants XIXe-XXIe siècles »), en partenariat avec de nombreuses universités (Écoles militaires de St-Cyr, ENS Cachan, l’Université de Montpellier, Liège, Bündeswehr...). Il évoque dans son entretien son point de vue d’historien sur le sujet des commémorations et des reconstitutions. Membre du Conseil Scientifique national de la Mission du centenaire de la Grande Guerre, François Cochet participe au débat national, et souligne son indépendance face aux batailles historiographiques. Traité parfois d’anticonformiste, il raconte en outre l’appropriation de thème de recherche chez certains confrères ou la difficulté à faire accepter la source orale au sein de cette discipline. Pour conclure, l’historien confie qu’il est plus un homme d’amitié que de réseau, et qu’au-delà de la critique et des déceptions professionnelles, ne regrette pas pour autant d’avoir fait une carrière universitaire plutôt que militaire.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
parcours d'historien
carrière professionnelle
Capes
agrégation d’histoire
DEA
thèse de troisième cycle
thèse de doctorat
enseignant(e) du secondaire
PRAG
maître(sse) de conférence
Habilitation à Diriger des Recherches (HDR)
professeur(e) d'université
méthodologie
source orale
sources du chercheur
histoire orale
histoire contemporaine
réseau professionnel
amitié
publication scientifique
édition grand public
militaire
armement
combattant
guerre
mémoire collective
commémoration d'un évènement
source écrite
démarche scientifique
limogeage
communisme
société en guerre
historiographie
École spéciale militaire de Saint-Cyr
Ecole Normale Supérieure
Université de Reims Champagne-Ardenne
Université de Paris VII
Université de Limoges
Université de Metz
Conseil national des universités
Historial de la Grande guerre (Péronne, Somme). Centre international de recherche
Collectif de recherche et de débat international sur la guerre de 1914-1918 (France)
IHTP
Maison des sciences de l'homme Lorraine
Université de la Bundeswehr
Université de Liège
Centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane
EPHE
Vaïsse, Maurice (1942-....)
Perrot, Michelle (1928-....)
Crubellier, Maurice (1912-2002)
Becker, Jean-Jacques
Rioux, Jean-Pierre
Rousseau, Frédéric (1955-....)
Prost, Antoine
Dard, Olivier
Heyriès, Hubert
Journoud, Pierre (1973-....)
Muracciole, Jean-François
Martel, André (1930-....)
Lafaye, Christophe (1977-....)
Wieviorka, Olivier (1960-....)
Borne, Dominique
Cassan, Michel (1948-....)
Walter, Jacques (1952-....)
1968
guerre de 1914-1918
guerre de 1939-1945
Guerre d'Afghanistan
guerre d'Algérie

Date :
2017-02-08

Format :
44.1 Hz 16 bit
1 h 26 min

Langue :
fre

Couverture :
Paris

Droits :
en cours

Relation(s) :
Entretiens enregistrés dans le cadre de l'ANR Histinéraires
Entretiens enregistrés dans le cadre de l'ANR Histinéraires

Type :
archives sonores
Sound

Source :
5254

Citation

informateur : Cochet, François et enquêteur : Granet-Abisset, Anne-Marie, “François Cochet, historien spécialiste de la mémoire des guerres et de l’expérience combattante, revient sur son parcours professionnel en évoquant ses axes de recherche, les amitiés et les débats méthodologiques ou historiographiques.,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/121372.