Témoignage de l'ingénieur process de la tuilerie Monier de Marseille en poste depuis 2014, à propos de son apprentissage du métier et du développement de l'entreprise

Auteur(s) :
commanditaire : AD 13
auteur personne morale : Paroles Vives
enquêteur : Maniaval, Elodie
informateur : Yenbou, Amar

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12095
mmsh12095

Type :
archives sonores
Sound

Description :
L'informateur est âgé de 28 ans, né à Limoges, il arrive à l'entreprise Monier de Marseille en 2014 mais travaillait déjà au sein du groupe depuis 2011, dans une entreprise située dans les Ardennes. Il explique alors la structure du groupe Monier en France. Il existe quatre tuileries terre cuite et trois tuileries minérales. Il commence par expliquer sa formation dans une école d'ingénieurs en céramique à Limoges, après avoir fait un IUT en mesures physiques. Il débute sa première expérience professionnelle à l'entreprise des Ardennes dans laquelle il reste deux années. Il y rentre en tant qu’ingénieur process et se voit diriger l'année d'après le service process. Il explique que cette usine était neuve et qu'il y avait alors beaucoup de problèmes à résoudre. Malgré tout, l'entreprise connaît une période de chômage technique en 2013, ce qui l'amène à partir travailler à l'entreprise de Marseille pour prendre en main le service process et l’amélioration continue (1 min). Il détaille alors en quoi consiste son travail. Avec la partie process, son travail se résume à comprendre les défauts qui peuvent apparaître sur la tuile et ainsi à améliorer le produit. Alors qu'avec la partie amélioration continue, il s'agit de travailler sur les pannes des machines afin d’améliorer le rendement (5 min). Il raconte qu'à son arrivée dans l'entreprise des Ardennes, il a travaillé avec son prédécesseur pendant 2 semaines ce qui lui a permis d'engranger beaucoup d'informations (7 min). Pour l'apprentissage du process, il est arrivé qu'une personne d'une autre usine Monier vienne plusieurs fois pour l'accompagner toute la semaine dans son travail et ainsi lui transmettre ses connaissances. Il arrive maintenant que l'usine des Ardennes l'appelle pour lui demander conseil (9 min). Il explique ensuite que le groupe Monier est en train de mettre en place une méthode pour que les 150 usines Monier à travers le monde, fonctionnent de la même manière. Il va donc devoir faire des formations et beaucoup de choses vont devoir être mises en place (12 min). L'informateur raconte ensuite qu'il a déjà été amené à transmette ses savoir-faire envers les opérateurs ; pour lui c'est un travail au jour le jour. Il renseigne aussi sur l'organisation de son travail sur une journée, qui est en grande partie lié à des problèmes qui ont besoin d'être réglés. Il commence tous les matins par animer des réunions de fabrication, il en explique alors le déroulé. C'est notamment le moment où les opérateurs peuvent faire remonter des problèmes de sécurité et où les problèmes liés à la qualité sont abordés (15 min). Il met en avant l'expérience des employés de l'usine de Marseille, qui pour lui est un atout énorme dans le travail de l'argile car c'est une matière vivante qui demande beaucoup de savoir-faire. L'informateur revient sur la formation théorique qu'il a reçue à l'école d'ingénieurs et la compare avec l'expérience en usine des opérateurs. Il dit alors échanger avec eux pour leur expliquer certaines choses lorsqu'il y a des problèmes (25 min). Il explique son choix de travailler dans la céramique, motivation liée à la spécificité de cette formation et à la sensibilité qu'il a vis-à-vis de cette matière (31 min). Il en vient à parler de l'extraction de l'argile qui ne se fait jamais au même endroit d'année en année, ce qui a pour conséquence de faire varier la qualité de l'argile. L'entretien s'oriente sur la sollicitation des sens dans son métier. L'informateur raconte que l'on peut voir la qualité de l'argile s'il y a des fentes et que l'on peut aussi l'écouter et la toucher pour savoir si l'argile est bonne ; stimuler ses sens nécessite alors de mobiliser ses savoir-faire (35 min). Il aborde les compétences qu'il a développées dans son métier, notamment le relationnel avec les « gars ». La communication envers les opérateurs est primordiale car ils possèdent une grande capacité d'observation. Les relations intergénérationnelles sont ainsi évoquées (40 min). Il relate la situation délicate dans laquelle se trouvait l'usine à son arrivée et met en avant les objectifs qui étaient fixés. Il avait alors pour but d'améliorer la qualité et d'augmenter la performance des lignes, tâche qui aurait été insurmontable sans l'aide des opérateurs. Pour remplir ces objectifs, il parle aussi de la mise en place d'un suivi pour les tuiles défectueuses. Il a aussi été question de prendre pour référence les tuiles de l'usine de Limoux, jugées comme les meilleurs de toutes les usines Monier (43 min). L'informateur explique qu'il va bientôt être amené à s'occuper de l'équipe fabrication, ce qui va lui permettre de se tourner davantage vers le relationnel et qui est un aspect de son métier qui lui plaît particulièrement (47 min). Il évoque ensuite les éléments qui ont conduit à l'instabilité de l'usine : l'important turn-over au niveau de la direction, la baisse des effectifs, les syndicats qui n'étaient pas constructifs. Il décrit les liens étroits qui existent aujourd'hui entre la direction et l'usine, tant de manière informelle que formelle (49 min). L'informateur renseigne sur les innovations à l'usine et notamment sur une machine qui est en train d'être mise au point concernant le dépilage, le but étant de voir les tuiles une par une afin de mieux repérer les défauts. Il parle aussi du projet qu'il y a eu pour améliorer la tuile abeille, alors fabriquée depuis 30 ans, elle devenait « boiteuse » ; il a donc fallu repenser et refaire les 80 moules (56 min). L'informateur vient à parler des liens avec les clients, qui étaient presque inexistants il y a quelques années et qu'il a fallu réinstaurer. Le premier intermédiaire est le commercial de chez Monier qui amène les clients visiter l'usine et lorsqu'il y a des problèmes soulevés par les clients, c'est lui qui les traite avant tout (1 h 01 min). Il évoque aussi les liens étroits qu'il a avec le laboratoire qui contrôle des tuiles tous les matins pour détecter les défauts « bloquants » et « non bloquants ». Il explique alors la marche à suivre dans ce processus qui a pour but d'améliorer la production sur la ligne (1 h 03 min). L'informateur renseigne ensuite sur la capacité de production de l'usine. Si elle produit 50 000 tuiles par jour et 11 millions de tuiles à l'année, l'usine a été dimensionnée pour en produire 25 millions. Il explique que ce n'est pas un objectif aujourd'hui car la demande n'est pas là, alors l'entreprise se concentre sur le développement de nouveaux produits (1 h 07 min). Il parle ensuite de la gestion des stocks. Il faut l'équivalent de vingt jours de production d'avance et les employés ont un planning environ trois mois avant. Pour chaque type de tuile, la production est étalée sur la semaine, ce qui fait un cycle de trois semaines puisque l'usine fabrique trois types de tuiles. L'informateur aborde le développement de la tuile galleane qui représente aujourd'hui 50 % de la fabrication (1 h 11 min). Il relate à présent les types et les couleurs de tuiles fabriquées selon le territoire. A l'usine de Marseille sont seulement fabriquées les tuiles à fort galbe alors que dans les autres usines Monier, il y a une production de tuiles plates, celles-ci étant plus utilisées dans le nord de la France (1 h 17 min). L'informateur évoque les empreintes des tuileries sur le territoire marseillais, notamment à Saint-André où l'on peut voir des murs fait en tuiles. Il parle aussi du symbole de l'abeille, spécifique au type de la tuile de Marseille produite dans les autres usines Monier. Il raconte alors une anecdote qui montre l'attachement des clients au symbole de l'abeille (1 h 23 min). Il finit par aborder les vagues migratoires qu'il y a eu à l'Estaque et qui sont visibles encore aujourd'hui dans l'usine. Il y a des opérateurs d'origine cambodgienne, vietnamienne, algérienne, pour la plupart approchant l'âge de la retraite. Nombreux sont aussi les employés issus de la troisième génération, habitant à Saint-Henri (1 h 29 min).

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
stratégie de l'entreprise
croissance de l'entreprise
tuile
tuilerie
relation maître-serviteur
attachement au travail
transmission d'un savoir
apprentissage
relation de travail
relation jeunesse-vieillesse
travail en usine
travailleur immigré
années 2010

Date :
2015-12-02

Format :
1 carte SD, 44khz/16bits
1h 33min

Langue :
français
fre

Couverture :
Marseille

Droits :
Signature d'un contrat avec l'informateur et d'une convention entre les AD13, Paroles Vives, et la MMSH spécifiant les droits d'utilisation pour tous les partis.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Relation(s) :
Une histoire sociale du territoire à travers les mémoires orales des industries à Marseille

Type :
archives sonores
Sound

Source :
5159

Citation

commanditaire : AD 13 et al., “Témoignage de l'ingénieur process de la tuilerie Monier de Marseille en poste depuis 2014, à propos de son apprentissage du métier et du développement de l'entreprise,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/119978.