Témoignage d'un ancien ouvrier mécanicien à la société des moteurs Baudouin de 1945 à 1981, à propos des savoir-faire spécifiques à sa profession et de son engagement syndical
Auteur(s) :
commanditaire : AD 13
auteur personne morale : Paroles Vives
enquêteur : Maniaval, Elodie
informateur : Biancheri, Charles
Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12078
mmsh12078
Type :
archives sonores
Sound
Description :
L'informateur est né en 1925, à Marseille, il débute l'entretien en racontant sa petite enfance entre la frontière italienne et Marseille (6 min). Il parle ensuite de sa formation scolaire à partir du certificat d'étude et du concours qu'il a passé à l'école pratique de l'industrie, ce qui l'a amené à apprendre le métier de cordonnier à l’âge de 13 ans. En 1941, il sort de l'école et commence à travailler dans un atelier de cordonnerie mais avec le contexte de la Seconde Guerre mondiale, il n'y avait plus assez de travail pour lui. Il a alors travaillé dans le bâtiment. L'informateur relate cette expérience professionnelle et son engagement syndical qui débutait (12 min). C'est après la libération qu'il commence à travailler à la société des moteurs Baudouin, situés dans le quartier de Menpenti où il habitait. Il a débuté en tant que manœuvre et a profité ensuite de la formation professionnelle accélérée mis en place par le gouvernement de 1945, pour valider un diplôme équivalent au CAP et alors occuper la catégorie d'ouvrier professionnel OP1. Il évoque son travail de manœuvre qui a duré peu de temps et détaille ensuite son métier d'OP1 qui lui permettait de monter et démonter les moteurs (33 min). Il revient sur la formation de 6 mois qui lui a permis d'obtenir les compétences d'ajusteur. Il explique les outils dont il se servait pour le montage, notamment le pied à coulisse pour mesurer (42 min). Il parle ensuite de son expérience au banc d'essai, procédure qui intervient après le montage et qui relève davantage de l'ajustage. Son travail consistait à vérifier si les moteurs étaient conformes en mesurant la puissance du moteur (49 min). Il explique la différence entre le montage et l'ajustage, les retouches qui étaient parfois nécessaires sur des pièces et les changements qu'il a vu s'opérer par rapport aux bons de retouches, conséquences de l'évolution du recrutement des contremaîtres (53 min). L'informateur évoque son expérience d'une année en 1946/1947, au banc d'essai du bureau d'étude de l'usine du boulevard Rabatau, qui lui a en partie permis de devenir OP2. Il détaille ensuite les différentes pièces qu'il a été amené à monter, les diverses brasures et soudures qui y étaient associées. Il explique alors que ces tâches lui ont été apprises par les anciens ouvriers et parle des relations de travail (1 h). L'informateur témoigne ensuite de la valeur qu'il accorde au travail de l'ajustage, vu comme un enrichissement. Il aborde les évolutions technologiques qu'il a pu observer à la fin de sa carrière mais, lui, a toujours travaillé de la même manière (1 h 14 min). Les conditions de travail sont discutées, les poussières de fonte et d'aluminium, le bruit, ainsi que les évolutions dans la sécurité (1 h 17 min). L'informateur évoque ensuite une expérience marquante dans sa carrière lorsqu'on lui a donné la tâche de contrôler les vilebrequins avec un comparateur, ce qui lui permit de mettre en avant ses qualités professionnelles (1 h 23 min). Il parle ensuite des différents ateliers situés entre la Timone et le boulevard Rabatau, les liens entre ces deux ateliers, notamment par le biais des syndicats. Il revient alors sur son expérience très formatrice au banc d'essai du bureau d'étude au boulevard Rabatau qui lui a permis de monter des moteurs à essence, des moteurs compresseurs et de travailler à l'étude d'un moteur nouveau, le DK. Il témoigne de l'importance du travail bien fait, notion acquise à l'école mais surtout au syndicat (1 h 26 min). L'entretien s'oriente ensuite sur son militantisme, l'informateur commence par expliquer qu'il est devenu militant pendant la guerre d'Espagne, il avait alors 14 ans. Il se familiarise alors avec le parti communiste et rentre pour commencer au syndicat des boulangers car il travaillait à ce moment-là pour un boulanger. Il restera pendant un certain temps dans ce syndicat malgré son embauche aux moteurs Baudouin en 1945, ce n'est que après où il se syndicalise aux moteurs Baudouin, se sentant plus proche désormais des problèmes liés à la société. L'informateur évoque les différentes luttes auxquelles il a participé, notamment la grève de 1947, contre la guerre du Vietnam, Mai 68. Les grèves les plus suivies étaient celles autour des conditions de travail, du pouvoir d'achat, contre des punitions injustes (1 h 33 min). Il parle alors des avancées qu'ils ont pu obtenir au sein de l'entreprise, notamment pour le comité d'entreprise : les colonies de vacances, les clubs, les aides pour les rentrées scolaires. Il évoque les deux principales directions qu'il a connues durant sa carrière et explique la différence qu'il a pu noter entre les deux, notamment le rapport au bénéfice qui a été de plus en plus important, l'ambiance qui est devenue moins familiale, les relations avec la hiérarchie qui se sont dégradées (2 h 05 min). Le lien avec le territoire et les différents ateliers de la société est ensuite questionné, ceux du boulevard Rabatau, de la Timone et lorsque l'usine a été installée à Saint-Loup. L'informateur évoque les nombreux habitants de ces quartiers qui travaillaient pour l'entreprise. Ils y rentraient bien souvent par parrainage, grâce aux employés déjà en place dans l'usine (2 h 20 min). L'entretien se termine sur son licenciement en 1981, il lui restait alors 9 ans pour arriver à l’âge de la retraite. Il décrit enfin l'image qu'il garde en tête de sa carrière à la société des moteurs Baudouin (2 h 26 min).
Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
carrière professionnelle
condition de travail
relation maître-serviteur
attachement au travail
grève
syndicat
comité d'entreprise
transmission d'un savoir
apprentissage
relation de travail
années 1940
mai 1968
années 1980
guerre de 1939-1945
Date :
2015-10-14
Format :
1 carte SD, 44khz/16bits
2h 27min
Langue :
français
fre
Couverture :
Marseille
Droits :
Signature d'un contrat avec l'informateur et d'une convention entre les AD13, Paroles Vives, et la MMSH spécifiant les droits d'utilisation pour tous les partis.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée
Relation(s) :
Une histoire sociale du territoire à travers les mémoires orales des industries à Marseille
Type :
archives sonores
Sound
Source :
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