Mémoire d’un médecin européen à Mostaganem à propos de l’indépendance de l’Algérie

Auteur(s) :
enquêteur : Bracco, Hélène
informateur : 1197
interv. : Bracco, Michel

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=9987
mmsh9987

Type :
archives sonores
sound

Description :
L’informateur né en 1932, a vécu et a étudié à Mostaganem en Algérie. Il parle un arabe limité à l’exercice de sa profession de médecin mais ne l’écrit pas. Ses parents sont originaires d’Oran, et ses ascendants, juifs marocains, sont installés en Algérie depuis quatre générations. Son père a travaillé très jeune comme employé commercial dans un commerce à Alger avant de s’établir comme vendeur de tissu à Mostaganem. Ses ascendants sont devenus français depuis l’instauration du décret de Crémieux. L’informateur a, pendant la Seconde Guerre Mondiale, très peu ressenti l’effet des lois antisémites du gouvernement de Vichy. Alors âgé de sept ans il se souvient de l’exclusion de l’école de son frère parce qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul juif par classe et de jamais avoir porté l’étoile jaune. Il revient ensuite sur sa scolarité, pendant laquelle il fréquentait des classes où la proportion d’élèves français était supérieure à celle des élèves algériens. Cela ne l’a pas empêché de se nouer d’amitié avec des enfants arabes. Il estime que le coût de scolarisation n’était pas supportable pour les familles algériennes. Lors de l’insurrection de 1954, l’informateur âgé de 22 ans n’a pressenti aucun signe d’une révolte dans les villes. Les débuts de cette insurrection étaient timides, limités à quelques petits évènements comme l’explosion de voitures. Il attribue l’origine de l’insurrection à la volonté de quelques intellectuels algériens et non pas au peuple algérien. A cette période il était étudiant en médecine à Alger, et se souvient que certains de ses camarades arabes avaient pris le maquis. Il estime que c’est la propagande menée par les intellectuels qui a poussé le peuple algérien à se soulever en lui promettant des avantages sociaux. D’après lui, c’est en 1960 qu’un climat de guerre s’est installé avec notamment le déploiement de l’armée française et la création de l’Organisation Armée Secrète (OAS). L’interlocuteur fut mobilisé pour accomplir son service militaire de 1960 à 1962, il se dit ainsi tenu à l’écart des évènements qui frappaient l’Algérie. Durant son service militaire, il était médecin dans l’armée et a participé à des opérations militaires (Opération jumelles, Opération Pierres Précieuses) contre les rebelles dans le Sud de l’Algérie. Son statut de médecin de l’armée lui a permis de participer à des missions humanitaires dans le cadre de l’Assistance Médicale Gratuite (AMG) à destination des populations. Pour l’informateur, l’AMG permettait aux médecins militaires d’humaniser les relations entre les populations et l’armée. L’informateur n’a pas participé aux exactions de l’armée française du fait de son éthique et de ses origines pieds-noires malgré les sollicitations de sa hiérarchie. Ses réticences à obéir aux ordres l’ont entravé dans sa progression de carrière militaire. Bien qu’ayant la nationalité française, l’informateur se dit à cette époque plus proche du peuple algérien que du peuple français. La France métropolitaine était perçue comme un lieu de vacances. Pour l’interlocuteur, l’indépendance de l’Algérie n’était pas prévisible et même impensable. Il regrette que la politique d’assimilation de Pierre Mendès France n’ait pas été mise en application. A l’indépendance, après sa démobilisation en octobre 1962, il est retourné à Alger ouvrir un cabinet médical. Il n’y avait alors plus beaucoup de Français, et la plupart se trouvaient dans les grandes villes. Il s’exprime sur la presse française qu’il juge alors non tendancieuse bien qu’elle soit la propriété de grands propriétaires terriens européens. D’autre part durant la période au cours de laquelle il est retourné exercer la médecine en Algérie, il n’a eu aucun problème avec les Algériens. Son retour en France, en 1977, a été motivé par des raisons professionnelles.

Sujet(s) :
enquête
parole
communauté pied-noire
relation intercommunautaire
service militaire
médecin
insurrection
racisme
communauté juive
exactions
intégration culturelle
intégration sociale
Ben Bella, Mohammed
Boumédiène, Houari
De Gaulle, Charles
Organisation de l'armée secrète
Front de Libération Nationale
Aide Médicale Gratuite
Mendès France, Pierre
guerre d'Algérie
indépendance de l'Algérie
insurrection algérienne
1939
1954
Congrès de la Soummam
Décret Crémieux

Date :
1993

Format :
1 cass.
46min 38s

Langue :
français
fre

Couverture :
Marseille
43°17'51.40''N
5°22'51.75''E

Droits :
Contrats d’utilisation et de diffusion signés avec l’enquêteur
Extrait en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Relation(s) :
L'autre face "Européens" en Algérie indépendante

Type :
archives sonores
sound

Source :
4009
N° confidentilel de l'informateur dans l'ouvrage d'Hélène Bracco : 24

Citation

enquêteur : Bracco, Hélène, informateur : 1197, et interv. : Bracco, Michel, “Mémoire d’un médecin européen à Mostaganem à propos de l’indépendance de l’Algérie,” Portail du patrimoine oral, consulté le 28 mars 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/117916.