Une habitante de Viens raconte ses souvenirs d’enfance en tant que fille de charbonniers du Piémont

Auteur(s) :
enquêteur : Musset, Danielle
informateur : Maurin, Simone

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=10219
mmsh10219

Type :
archives sonores
sound

Description :
L'informatrice appelle l'activité de ramassage de l'écorce de chêne ''la rusque'' et parle des "personnes de la colonie" pour désigner les charbonniers.
L’informatrice parle de son enfance pendant la guerre (1940-42) en tant que fille de charbonniers. Ses parents natifs de Pinerolo dans le Piémont, étaient venus en France très jeunes à la suite de leurs parents, pour y travailler le bois, la terre et le charbon. L’informatrice détaille l’activité de charbonnier telle qu’elle s’en souvient : on construisait un grand cercle de bois qui remontait en une cheminée, puis on y ajoutait de “l’empaillage” avec des feuilles mortes que l’on recouvrait ensuite de terre. On faisait des trous tout autour de la charbonnière, afin de laisser passer l’air et on la “faisait manger” afin que le charbon se forme. Une charbonnière pouvait faire jusqu’à 10 tonnes, et 8 à 10 jours étaient nécessaires pour faire du charbon, avant que la charbonnière ne s’affaisse et ne cesse de fumer. Le charbon était ensuite mis dans des couffes. Son père faisait déjà du charbon au Piémont. Il lui fallait 2h de route à pied pour rejoindre le village, où il descendait le charbon et remontait les provisions pour la famille. L’informatrice dit que la vie de charbonnier était dure : il fallait aller chercher le bois et le transporter dans une “fourche”, ou parfois à même l’épaule. De plus, une personne devait surveiller la charbonnière jour et nuit. L’informatrice n’est allée à l’école que jusqu’à 12-13 ans, puis a travaillé avec son père. Parfois, ils vendaient le bois seul dans le village ou chez des marchands de bois. Le père de l’informatrice recueillait aussi de l’écorce de chêne dans le Luberon au mois de juillet pour la vendre. L’informatrice et sa mère vivaient dans une ferme pas très loin de la charbonnière où travaillait son père. L’été, son père faisait les moissons et les lavandes. Lorsqu’ils habitaient à Volx, la famille se réunissait le dimanche, pour manger la polenta avec du gibier et un oncle jouait de l’accordéon. Son père a exercé différents métiers dans les Eaux et Forêts (Digne) ou encore au Ponts et Chaussées où il a travaillé jusqu’à 72 ans. Les voisins étaient aussi piémontais, et avaient tous exercé le métier de charbonnier, certains avaient ensuite acheté un commerce dans la région, d’autres avaient continué leur activité parce que peu d’entre eux étaient allés à l’école. L’informatrice dit qu’il n’y a plus beaucoup de gens du Piémont, car beaucoup sont morts pendant la guerre. En 1940-41, le charbon se vendait “pour le gazogène” pour les véhicules. Après la guerre, la vente de charbon n’a plus du tout marché et la famille est allée vivre dans une ferme à St-Martin de Castillon. Les dernières années, son père vendait du charbon sur Marseille à Falco et Sardou. L’informatrice avait de la famille qui ne venait pas tous du même endroit et ne parlaient pas tous le même patois. Elle se rappelle du patois piémontais qu’elle parlait avec ses parents, qui est différent du piémontais de ses cousins et “se rapproche du patois des Alpes”. Certains charbonniers avaient des commerces un peu partout dans la région, peu sont allés à l’école. En 1940, ils n’avaient pas de savon donc ils en fabriquaient avec de la graisse de chèvre. L’informatrice a travaillé plus tard dans les vendanges. Son père chantait en piémontais et français.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
charbonnier
emploi de la langue régionale
chant
ramassage du bois
four à charbon
fabrication d'énergie
éducation des enfants
chêne
1933
guerre de 1939-1945

Date :
1992-01-07

Format :
1 cass.
32min

Langue :
français
piémontais
fre
pms

Couverture :
Buis-les-Baronnies
43°53'44.50"N
5°33'59.30"E

Droits :
Contrat d'autorisation et de diffusion signé par l'informateur et l'enquêteur autorisant la diffusion en libre accès sur un réseau de partenaires.
Document en ligne et réutilisation non commerciale autorisée

Relation(s) :
Témoignages sur le processus de fabrication des charbonnières et du charbon dans les Alpes-de-Haute-Provence et sur la vie quotidienne d'alors

Type :
archives sonores
sound

Source :
4073

Citation

enquêteur : Musset, Danielle et informateur : Maurin, Simone, “Une habitante de Viens raconte ses souvenirs d’enfance en tant que fille de charbonniers du Piémont,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/116457.