Entretien avec un ancien appelé, parti en janvier 1959 pour 13 mois au sein d’une section opérationnelle à Tizi-ouzou et Cherchell, Algérie, à propos de son service militaire
Auteur(s) :
enquêteur : Marrou, Sandrine
informateur : 1446
Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme
Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=12322
mmsh12322
Type :
archives sonores
Sound
Description :
L’informateur est parti pour l’Algérie en 1959 sans avoir d’informations précises sur ce qui l’attendait. Il mentionne cependant l’existence d’un mouvement d’action catholique auquel il participait avant son départ et qui encourageait à la vigilance et à une prise de conscience quant à la torture. Néanmoins ce sujet, selon lui, était surtout une préoccupation des milieux intellectuels à cette époque. Affecté dans la région de Blida, l’informateur y est arrivé par le train. Ses souvenirs sont marqués par la neige qui tombait à Alger et par la vision, sur le trajet, de véhicules militaires, de voitures brûlées. Il souligne que cela l’a amené à une prise de conscience progressive de la guerre. Affecté dans sa compagnie, pendant un an, à un groupe qui menait des embuscades, il a ensuite a été nommé caporal et n’a plus fait de terrain. Lors des embuscades, de la protection des domaines agricoles, il dit s’être trouvé régulièrement face à des fellagas soit parce que ces derniers étaient morts, soit parce qu’ils sortaient des salles de torture. A la suite d’une opération, il a obtenu une médaille militaire et en plaisante car selon lui, l’on en recevait une, à chaque fellaga fait prisonnier. Il avoue ses craintes de plus en plus fortes au sujet des embuscades car l’attente était source d’angoisse profonde. L’informateur décrit son régiment composé surtout d’engagés dont une majorité originaire des pays d’Afrique ayant acquis leur indépendance. Il évoque aussi les gradés et leur relation avec leurs subordonnés. Il avait des relations amicales dès qu’il le pouvait avec la population musulmane et avec les ouvriers agricoles pieds-noirs. Evoquant la question de la torture, il dit avoir entendu crier régulièrement dans sa compagnie, lui-même étant rentré une fois dans la salle où elle se pratiquait. Les appelés en discutaient entre eux mais rares étaient ceux qui manifestaient leur opposition. Au sujet du putsch du 21 avril 1961, l’informateur souligne que mis à part les parachutistes, tout le monde se considérait gaulliste. Si humainement, l’informateur se posait beaucoup de questions sur la situation, il dit que politiquement, sa prise de conscience était moindre. Quant à son retour à la vie civile, il est marqué par son silence et celui de ses proches. Il exprime son désir d’alors d’avoir voulu tourner la page et regrette cependant de ne pas s’être engagé en tant qu’ancien combattant. Selon lui, il aurait pu, ainsi, oeuvrer pour la paix et de cette manière, dénoncer les exactions commises pendant la guerre. Il mentionne plusieurs fois le sentiment de perte de repères à son retour et approuve la démarche de l’enquêtrice car il dit qu’elle permet d’ouvrir les consciences et de “régler certains comptes”. Il fait référence, ensuite, à la chaîne Arte qui diffuse régulièrement des émissions sur la deuxième guerre mondiale et souhaite qu’en France, on adopte la même résilience à propos de l’Algérie.
Sujet(s) :
enquête
récit de vie
guerre
armée
hiérarchie militaire
tactique militaire
opération militaire
service militaire
soldat
ancien combattant
violence
archives militaires
politique gouvernementale
occupation militaire
communauté algérienne
communauté pied-noire
censure
torture
désobéissance militaire
exactions
émission de télévision
angoisse
souffrance
amitié
guerre d'Algérie
Date :
1999-01-07
Format :
Mini-disque
1h 13min
Langue :
fre
Couverture :
Tarn-et-Garonne
Droits :
Consultation en ligne et réutilisation sur autorisation
Relation(s) :
Témoignages d'appelés en Algérie résidant en Midi-Pyrénées
Type :
archives sonores
Sound
Source :
852