Entretien en 1975 avec l’adjoint du directeur à la Société pour l’industrie des métaux qui, grâce à 16 ans d’expérience professionnelle au sein du groupe Péchiney, définit le rôle des industries françaises implantées au Liban

Auteur(s) :
enquêteur : Métral, Jean
enquêteur : Battegay, Alain
informateur : Evrard, Paul

Editeur :
Phonothèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=11723
mmsh11723

Type :
archives sonores
Sound

Description :
L’informateur est directeur général adjoint à la Société pour l’industrie des métaux (SIDEM, du groupe Pechiney). Il est marié et il a trois enfants. Il a étudié à Centrale le droit et l’expertise comptable puis il a fait 7 semaines de service militaire lorsqu’il a été appelé en décembre 1945, mais il a été très vite libéré par l’armée. Il a tout d’abord travaillé dans les mines du nord de la France puis dans un cabinet de brevets d’inventions puis dans le gros en alimentation. Il y a 16 ans, en 1959, il est entré dans le groupe Pechiney. Il est arrivé au Liban depuis un an et 8 mois. Il était contrôleur de gestion d’une division à l’époque en France et il a demandé à retourner dans l’opérationnel, il a été envoyé chez Sidem qui est une société de droit libanais mais à intérêt majoritaire Pechiney avec un partenaire libanais (un particulier) qui détient également des parts. L’homme se considère comme un travailleur libanais étant donné qu’il paie ses impôts dans le pays. Il a découvert le Liban par des guides touristiques. Il est venu avec son épouse mais sans ses enfants. Ils n’ont eu aucun problème d’adaptation. Ils habitent sur la colline, à Hazmiyeh. Son épouse ne travaille pas. Son adaptation professionnelle a été facile. Il mentionne ses rapports avec ses employés qui lui témoignent de beaucoup de confiance et de respect. Les revendications sont peu nombreuses et concernent les problèmes très importants. La société compte 650 personnes dont 500 ouvriers permanents et journaliers, dont une centaine est qualifiée. Il parle de son bon rapport avec eux. Le recrutement se fait par annonces (pour les ouvriers spécialisés) ou par relations pour le recrutement de manutentionnaires. Le personnel est stable et il n’y a pas plus de 10% de renouvellement par an. La société est en croissance et la promotion interne est importante. Le partenaire libanais est directeur général tandis que le directeur français se trouve à Paris. La clientèle est composée de menuisiers métalliques du Moyen-Orient. La réussite de l’entreprise, selon lui, est due en partie au partenaire libanais qui supervise le versant commercial et qui s’occupe particulièrement des relations avec les acteurs locaux, la concurrence étant essentiellement étrangère. Il voyage pour des raisons professionnelles et personnelles en France. Il s’interroge sur le comportement actuel des Libanais et sur les réactions des gens devant les évènements qui sont, selon lui, exagérés par les médias français. Il a visité la Syrie et une partie de l’Arabie mais à cause de la guerre de 1973, il n’a pas trop visité le Liban Sud. Il a rencontré beaucoup de Libanais, surtout grâce à son milieu professionnel et il est reçu chez eux. Il parle de ses loisirs puis il aborde le sujet des communautés linguistiques. Il lui semble que depuis un certain temps, la langue anglaise, du fait qu’elle soit une langue commerciale internationale, tend a être plus parlée au Liban que le français. D’après lui, la France n’a pas suffisamment bien contrôlé les importations au Liban pendant son mandat, en témoigne la commercialisation des voitures allemandes. Il imagine qu’il pourrait y avoir une mission de montage de Renault à Beyrouth avec l’aide de l’ESIB. Il tient un discours très critique envers le monde professionnel français, qui est selon lui trop figé. Il reproche aux Français d’avoir été faibles sur le plan commercial et relationnel et, de fait, d’avoir permis aux Étasuniens et aux Allemands de s’installer au Liban. Il se dit très tolérant vis-à-vis des multiples confessions qui existent au Liban et selon lui, il n’y a pas d’athéistes libanais. Il situe le Liban en tête du développement industriel mondial grâce à l’ingéniosité et à l’agilité de son peuple, même s’il perdra finalement sa primauté face aux pays pétroliers. Pour lui, l’influence de la France a tout de même été déterminante pour le développement industriel, par son éducation et l’implantation d’entreprises. Il pense qu’il rentrera en France une fois que ses deux derniers enfants seront mariés mais il envisage également la possibilité de rester au Liban. Vers la fin de l’entretien, après s’être confié sur ses revenus mensuels, l’homme demande au chercheur de ne pas révéler ces informations, et il lui demande une copie de son entretien.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique
entreprise industrielle
nationalisme
relation de travail
représentation de la France
entreprise étrangère
commerce
communauté française
domination culturelle
Pechiney
SIDEM

Date :
1975-01

Format :
1 bde
1h 35min

Langue :
français
fre

Couverture :
Beyrouth
N33°53'20''
E35°29'39''

Droits :
Contrat signé avec la dépositaire. Recherche des ayants droit en cours.
Consultable sur autorisation

Relation(s) :
Les français au Liban depuis 1945, une minorité allogène

Type :
archives sonores
Sound

Source :
4373

Citation

enquêteur : Métral, Jean, enquêteur : Battegay, Alain, et informateur : Evrard, Paul, “Entretien en 1975 avec l’adjoint du directeur à la Société pour l’industrie des métaux qui, grâce à 16 ans d’expérience professionnelle au sein du groupe Péchiney, définit le rôle des industries françaises implantées au Liban,” Portail du patrimoine oral, consulté le 25 avril 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/120280.