Un jeune luthier devenu mirecurtien se passionne pour l’histoire de la lutherie

Editeur :
Phonothèque de la maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Contributeur :
Maison méditerranéenne des sciences de l'homme

Notice originale :
http://phonotheque.mmsh.huma-num.fr/dyn/portal/index.seam?page=alo&aloId=11390
mmsh11390

Type :
archives sonores
Sound

Description :
Roland Terrier fait partie des « nouveaux luthiers » venus à cette profession pour d’autres motifs que la filiation luthière ou l’origine mirecurtienne, deux déterminismes à l’œuvre jusqu’au milieu du XXe siècle. Comme beaucoup de luthiers formés dans les années 1970, il s’oriente vers la lutherie par goût de la musique et aussi par attrait pour les métiers de précision. Très jeune, il veut jouer du violon qu’il étudiera à l’école de musique de Bourg-en-Bresse. En 1972, à quinze ans, il candidate à la toute nouvelle Ecole nationale de lutherie de Mirecourt, où il est admis. Sur les dix inscrits de sa promotion, quatre seulement auront le diplôme final. Avec le plan Malraux-Landowski qui relance les métiers de la musique, les élèves luthiers sont alors assurés d’avoir du travail après leur formation. A cette époque, contrairement à aujourd’hui, ils cherchent à trouver un poste en France plutôt qu’à l’étranger.Roland Terrier raconte sa formation avec le maître-luthier René Morizot qui a connu la relance du métier après avoir peiné pour en vivre. Il a des facilités pour le travail du bois grâce à son père menuisier-ébéniste. Dans l’école de lutherie, les formes anciennes de l’apprentissage en atelier subsistent : le maître travaille devant les élèves qui en imitent les gestes. L’idée inculquée est que le savoir se « mérite ». La manière de transmettre changera plus tard grâce aux nouvelles générations de luthiers qui cherchent à instaurer une attitude fondée sur l’entraide et le partage des connaissances davantage que sur la compétition et les vexations. L’enseignement général dispensé pour le diplôme final, c’est-à-dire le Brevet de technicien option facture instrumentale, n’est pas encore adapté aux besoins de la lutherie. Par ailleurs, il n’y a pas cours de gestion. La rapidité d’exécution du travail de lutherie, exigée par l’Ecole à cette période, a permis à Roland Terrier de toujours gagner sa vie. Pour fabriquer un instrument de qualité, il faut concilier les exigences de rapidité et de netteté du geste pour que le violon soit beau et travailler sur les épaisseurs du bois pour en obtenir de bonnes qualités acoustiques. Après avoir travaillé deux ans comme enseignant à l’école de lutherie et comme luthier dans l’atelier Morizot, R. Terrier a plusieurs propositions d’embauche. Il choisit d’aller chez Etienne Vatelot à Paris, mais finalement est envoyé dans l’atelier de René Quenoil où il apprend la restauration d’instruments. Il évoque les deux méthodes de restauration en concurrence, en les illustrant d’un exemple concret. Après avoir travaillé trois ans dans la Maison Quenoil à Paris, il s’installe en 1980, avec son collègue Jean-Philippe Cognier, à Mirecourt, petite ville dont il apprécie la proximité avec la nature. Il pensait pouvoir faire du neuf, mais la relance de la musique nécessite la restauration d’instruments anciens, qu’il fait en sous-traitance. En fait, les instruments neufs en copie d’anciens (avec usure) se vendent mieux que le violon qui a l’air neuf. Il constate que parfois les copies se retrouvent vendues comme des originaux, ce qui l’a un peu écoeuré. Il arrête de faire du neuf pendant dix ans car pour vendre, il faut faire des salons et passer beaucoup de temps à la commercialisation, ce qu’il n’a pas appris à faire. Son collègue Jean-Philippe Cognier va devenir professeur à l’Ecole. Lui se consacre à la restauration d’instruments et commence ses recherches historiques avant 1988, où il a déjà fait des fiches sur les luthiers à partir des instruments vus dans l’atelier. Il s’aperçoit que les dictionnaires existants ne conviennent pas toujours et fait aussi des recherches à l’Etat civil car les Mirecurtiens signaient souvent en ajoutant à leur patronyme le nom de leur épouse. Il découvre le rôle de la parenté à Mirecourt et le fonctionnement des familles qui incluent des luthiers fabriquant, des marchands de musique, des facteurs d’orgue, etc.Ces recherches le fascinent et il n’a, depuis, jamais arrêté. Il dit avoir ainsi pris la relève d’Albert Claudot (luthier à Dijon), qui avait fait beaucoup de recherches et avait un correspondant à Mirecourt pour ses investigations dans l’Etat civil. Les luthiers l’appelaient pour identifier certains instruments. En fait, il y a des énigmes constantes à résoudre. Roland Terrier en donne quelques exemples. Au début, il s’est intéressé à tous les luthiers inconnus qui l’ont fait progresser en expertise avec le style de chaque époque, les évolutions, parfois les changements de signature . Il a découvert des étiquettes correspondant à des magasins de musique pour des violons fabriqués à Mirecourt avec un sigle spécial permettant de ne pas se tromper d’époque. Roland Terrier offre sur son site professionnel une documentation très riche issue de ses recherches sur la lutherie. Il a ouvert un site d’identification des instruments et reçoit des photos d’instruments du monde entier, grâce à internet qui facilite les échanges. Son projet de dictionnaire des luthiers est bien avancé, il en montre la maquette. Un volume à part sera consacré aux photographies d’instruments. Il souhaite que son dictionnaire soit maniable, peu encombrant pour le mettre au coin de l’établi et le consulter facilement.

Sujet(s) :
enquête
témoignage thématique

Date :
2014-07-05

Format :
fichier wave, 44.1khz/16bits
1h 10min

Relation(s) :
Enquête ethnologique sur Les "nouveaux luthiers". Renaissance d'un métier

Type :
archives sonores
Sound

Source :
4910

Citation

“Un jeune luthier devenu mirecurtien se passionne pour l’histoire de la lutherie,” Portail du patrimoine oral, consulté le 23 novembre 2024, http://stq4s52k.es-02.live-paas.net/items/show/118522.